PROJET – Mission sur une année 2014-2015 à Lokaro

PROJET – Mission sur une année 2014-2015 à Lokaro

UNE ANNEE SCOLAIRE A LOKARO

Par Anne Marie Mignet – Départ 18 septembre 2014

I – CONTEXTE

Vivre un véritable accompagnement de la scolarité impliquant les enfants, leurs parents, les enseignants et les intervenants.

L'école fonctionne depuis bientôt 6 ans. Les bases matérielles essentielles sont posées. L'assiduité des enfants et des enseignants nous prouve que l'école est un lieu où ils vivent quelque chose d'important. L'enseignement donné par les maîtres est celui issu de la colonisation et n'a pas évolué.

1 – Est-il possible de modifier des habitudes fortement ancrées dans un monde où les traditions sont la charnière « obligée » entre générations ?

2 – Comment amener les enfants à être plus participants à leurs apprentissages ?

II – PROPOSITION 1

Travailler avec les maîtres des classes de T1 et T5

  • T1 : améliorer l'approche de la lecture avec les petits qui arrivent à l'école pour la première fois en partant de tout le « stock » de mots connus utilisés dans leur langage courant.
  • T5 : mettre en place des projets « utiles » à la communauté villageoise et les réaliser.

III – PROPOSITION 2

Ouvrir un bureau à Fort-Dauphin avec :
• un local
• une secrétaire à mi-temps
• un comptable ponctuellement 1fois/trimestre
• un équipement de bureau (voir budget prévisionnel)

IV – INTENTIONS

Faire du passage à l'école un tremplin afin que chaque enfant comprenne qu'il est maître de son destin.
• l'enfant prend sa place
• le maître accompagne
• la culture originelle s'enracine et prend sens avec l'affirmation de chaque individualité
• la totalité des membres de la communauté est concernée
• l'école s'intègre dans la vie et les enfants sont acteurs du mieux-être de tous

V – MISE EN OEUVRE PEDAGOGIQUE

Elle va se faire sur 2 axes

1 – Avec les petits : récolte de mots : ceux du langage entre eux, les prénoms… et mise en étiquettes grandes et petites (collectives et individuelles) – illustration par un dessin – affichage – composition de familles de mots…

2 – Avec les grands : à partir des besoins de base essentiels

a) établir un questionnaire détaillé du besoin
b) rédiger un projet ou plusieurs en fonction des envies des enfants
c) définir les étapes de la réalisation
d) qui fait quoi ?
e) comment ?
f) passer à la réalisation

VI – MISE EN OEUVRE PRATIQUE DE LA CREATION DU BUREAU

Quelques pistes sont déjà là pour :
• le local
• le comptable

Pour le reste tout est à « inventer » et sera fonction des opportunités locales. Beaucoup d'obstacles vont se présenter, Le plus important étant de rencontrer une personne de confiance pour tenir le poste de secrétaire qui soit à son poste même lorsque nous ne serons pas là. Pour le recrutement nous nous orienterons vers l'Inspection du Travail et le bouche à oreilles.

Le financement de ce projet a fait l'objet d'un budget prévisionnel (6000 euros par an) et d'une demande de don auprès de 2 mécènes potentiels.

Cette nouvelle dimension est devenue indispensable pour fonctionner avec plus de légèreté.

Toutes les bonnes volontés pour aider seront les bienvenues ma priorité étant l'accompagnement pédagogique pendant cette année.

Anne-Marie MIGNET

 

 

PROJET - Mission sur une année 2014-2015 à Lokaro
COMPTE-RENDU DE LA MISSION DU 6 MARS au 5 AVRIL 2014

COMPTE-RENDU DE LA MISSION DU 6 MARS au 5 AVRIL 2014

Mission de fonctionnement de l’école : par Anne-Marie MIGNET

Un séjour marqué par des émotions intenses dans les extrêmes : du sordide au sublime ! Ce n’est pas exceptionnel mais je suis plus ou moins touchée selon mon degré de sensibilité et la contagion qui s’installe par rapport aux angoisses et peurs qui gagnent la majorité de la population de Fort-Dauphin. Des faits réels qui nous atteignent : Nazotoa, notre instituteur s’est fait agresser en rentrant chez lui un soir.

Je constate aussi que la misère entraîne une perte des valeurs humaines essentielles. Analyse confirmée par Majid Rahnema dans son livre « Quand la misère chasse la pauvreté » où il dit : « Nous savons que l’indigence ne mène pas nécessairement à la misère morale, mais les faits hélas ! montrent qu’elle en est trop souvent capable. Et lorsqu’elle se manifeste, cette misère se traduit toujours par une ‘altération du caractère, de la volonté, de la lucidité, de l’esprit et de l’âme… ».

Une règle à respecter ne pas sortir à pied, le soir…

La nature est toujours aussi époustouflante de majesté dans ce bout du monde !

Je prends soin de mon immunité afin de remplir au mieux la mission que je suis venue remplir.

Rappel des objectifs :

  • Finaliser sur place la comptabilité malgache afin de l’inclure dans la comptabilité française
  • Prendre le relais pour la suite des interventions des vendredis tous les 15 jours
  • Régler les charges Cnaps de nos salariés
  • Rechercher une solution pour la gestion des parrainages
  • Etre le trait d’union pour le projet Environnement entre S. Culier et Sylviane afin de redéfinir certains aspects du projet

 

Un aspect administratif lourd pour cette mission qui m’a retenu presque 12 jours complets à Fort-Dauphin. Lorsque notre organisation sera suffisamment installée et que nous aurons sur place un bureau (lieu et personne) les séjours à Fort-Dauphin seront plus courts. Je suis toujours heureuse de parcourir les rues de Fort-Dauphin à pied et de croiser tout ce monde, souriant malgré tout, qui marche, marche, marche….

La comptabilité n’a pas été faite comme nous le souhaitions : les personnes engagées n’ont pas tenu leurs engagements. Je reviens une fois de plus avec tous les documents malgaches (extraits de compte, factures, souches de chéquier pour l’année 2013) et j’envoie le tout à Noëlle Simonin qui veut bien s’y attaquer. J’ai commencé à prendre des contacts pour un comptable sur place qui ferait aussi les paiements CNaPS tous les trimestres.

 

Le règlement de nos intervenants tous les quinze jours demande aussi la présence d’une personne pour la signature des chèques. A noter que le transport est passé de 150 000 ariarys à 170 000 ariarys.

 

La CNaPS (Centre National de Prévoyance Sociale) est une administration très lourde et complexe. Elle reçoit nos cotisations et reverse aux salariés 2 000 ariarys d’allocations familiales par enfant et par mois. Elle est également garante du versement d’une retraite lorsque les salariés arrivent en fin de carrière. Par contre, elle ne rembourse pas les frais médicaux qui restent à la charge du salarié. Notre association rembourse systématiquement tous les frais médicaux de nos salariés et de leurs familles.

 

Pour les parrainages, il sera nécessaire et utile de redéfinir notre posture sur plusieurs plans :

  • la continuité de l’action par Zanaky Lokaro
  • le ciblage des enfants que nous désirons aider à la poursuite de leurs études
  • la problématique particulière pour les filles

Pendant ma présence à Lokaro j’ai réuni les filleuls et leurs parents afin de faire le point avec eux sur l’utilisation des fonds reçus par les parrains et marraines et ce que cela implique comme retour de leur part. Une rencontre très paisible où l’écoute et l’échange ont été très présents. Les mamans étaient particulièrement jolies dans leurs plus beaux vêtements.

L’association Aide et Action présente à Fort-Dauphin ne s’occupe que des parrainages des enfants qu’elle scolarise. Une piste avec une jeune fille étudiante que j’exploiterai davantage à mon prochain séjour afin de nous alléger sur cette gestion importante, peut être une solution envisageable si nous y mettons le cadre.

 

Le lien avec Sylviane pour le projet « environnement » a pu se faire grâce à un accompagnement-échange avec Stéphanie et Manu. Nous avons reposé des bases de simplicité et réalité qui vont permettre de repartir sur de nouvelles données en fonction de l’expérience du terrain. Il sera nécessaire de faire le point en fin d’année scolaire pour la poursuite de l’action. Une évidence dont il est utile de prendre conscience c’est notre accompagnement bienveillant.

 

Ma présence à Lokaro était très courte et je n’ai pas ressenti le besoin d’agir : juste être là dans l’espace sacré du cœur en partage de vie tout simplement…

Myriam avait préparé une liste d’enfants particulièrement sous-nutris (34 sur 80) et je leur ai fait prendre la spiruline-confiture chaque jour à la récréation du matin : grand succès avec le goût sucré à tel point que ceux qui n’étaient pas sur la liste avaient des yeux d’envie ! A mieux préparer si nous voulons refaire ce traitement car il faut un stock de confiture important ! Les confitures sont faites et offertes par une amie (Miclo) de Fort-Dauphin.

J’ai aussi proposé les traditionnelles séances « shampoing-douche-lessive » par groupes de 4 enfants : les filles le matin, les garçons le soir ! Ils adorent, et moi aussi ! L’école leur offre un cadre très confortable pour cela : des seaux et des bassines en suffisance, du savon tant qu’on veut, du shampoing en quantité… Ils apportent leurs vêtements de rechange et lavent les vêtements qu’ils ont sur eux. Le pied ! J’ai suggéré aux instituteurs l’organisation à l’école d’une possibilité de le faire à tout moment pour tous ceux qui en ont envie en autonomie… ils sont réticents.. ils ne font pas confiance aux enfants sur le respect du matériel… peut-être que l’an prochain je peux les aider pour cette mise en place ?

 

Plusieurs concertations pédagogiques avec les maîtres où j’ai essayé de ne pas intervenir sauf pour leur dire que l’an prochain sera « année de l’autonomie et de la coopération » où nous mettrons en place ensemble des « outils » pour ça.

 

Pour conclure sur une note joyeuse de l’intensité sublime : j’ai été particulièrement choyée par les parents d’élèves. Une délégation est venue m’offrir 2 poulets et me souhaiter une bonne année. Plusieurs mamans d’enfants parrainés m’ont offert des cadeaux de vannerie pour moi et pour certains parrains/marraines. Les plus grands des enfants qui ont fait leur scolarité à l’école Zanaky Lokaro sont toujours très proches et viennent me rendre visite. Fliastre notre mentor au collège en 5è s’est placé pour être instituteur à Zanaky Lokaro !

 

UNE ACTION A POURSUIVRE AVEC VOUS TOUS.

 

Anne-Marie MIGNET

COMPTE-RENDU DE LA MISSION DU 6 MARS au 5 AVRIL 2014
RENTREE 2013-2014 COMPTE-RENDU

RENTREE 2013-2014 COMPTE-RENDU

Sommaire :

1/Compte rendu par Anne-Marie MIGNET

2/Compte rendu par Marc PLATRET

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1/ Mission de gestion du 8 octobre au 21 octobre 2013

par Anne-Marie MIGNET

La rentrée malgache a normalement lieu le premier mardi d’octobre. Cependant cette année elle a été reportée au deuxième mardi, c’est-à-dire le 8 octobre 2013. Je suis arrivée à Fort-Dauphin, accompagnée par Jean-Marie Wisniowicki, le lundi 23 septembre. Nous y avons retrouvé Marc Platret déjà à Madagascar depuis 2 semaines. Rappel des objectifs :

  1. préparation administrative de la rentrée : établir les virements de fonctionnement (salaires des instituteurs, parrainages, Caisse Nationale de prévoyance sociale) ;
  2. prendre contact avec les associations locales qui pourraient nous être utiles pour gérer les parrainages ;
  3. achat des fournitures scolaires pour l’année et de tout le petit matériel utile pour la classe (savons, seaux et bassines…) ;
  4. formation sur 5 jours avec les instituteurs et les intervenants sur le thème « être instituteur ou intervenant à Zanaky Lokaro, quel sens cela a-t-il pour nous ? »
  5. accompagner les enseignants et les enfants pour cette nouvelle rentrée (la 5è année complète) à Lokaro ;

Cette 27e mission pour moi a été, une fois de plus, passionnante et éprouvante. Nul besoin de se mettre des défis ils se présentent d’eux-mêmes. La première semaine qui devait être consacrée à la mise en place administrative de tous les virements n’a pas pu se faire pour cause de santé. Je me suis retrouvée en difficulté avec une oreille infectée. Nous avons reçu à plusieurs reprises Valéry et Patrice pour des échanges individualisés afin d’aborder les difficultés de l’équipe enseignante. Notre conclusion a été la nécessité de recruter un 3e instituteur afin de faire face à l’absentéisme de Patrice pour cause de santé essentiellement. Jean-Marie et Marc ont reçu les 3 candidats potentiels et ont choisi Nazotoa Rafitsambatra présenté par Valéry. Il est jeune (29 ans), inexpérimenté bien qu’il ait déjà enseigné, dynamique et volontaire. Il est prêt à venir s’installer à Lokaro sans son épouse et ses 2 enfants (elle a un petit commerce à Fort-Dauphin et ne désire pas le laisser pour le moment).

Le refus de la mairie de Mandromodromotra de laisser une salle de classe à la disposition de l’association ne nous permet pas de créer une classe de T5 : ils seront scolarisés à Itapera comme par le passé en espérant pour eux que l’instituteur sera un peu plus présent dans sa classe.

La 2e semaine, Marc et moi avons animé une session de formation/information. Un compte-rendu a été fait et vous sera communiqué ultérieurement. Les après-midis étant libres j’ai pu faire le travail administratif qui n’a pas été fait la semaine précédente. Valéry et Nazotoa se sont chargés de faire les achats de rentrée. Cela m’a vraiment aidée. Marc est reparti à la fin de cette semaine de formation.

Je suis partie à Lokaro le dimanche accompagnée par les 3 instituteurs. Nous devions trouver une solution d’hébergement pour Nazotoa. Il a provisoirement trouvé refuge à l’ancien centre scientifique qui est désaffecté à ANKARIFO juste avant d’arriver à la Baie de Lokaro. Cela nous laissait le temps de trouver une solution plus durable.

 Le lundi matin a été consacré à une longue concertation avec les 3 instituteurs et moi-même. Nous avons abordé la question des parrainages (7 parrainages trouvés pour les nouveaux collégiens sur les 25 qui sont entrés au collège). Nous prenons la liste et nous décidons ensemble des enfants qui seront « choisis ». Les meilleurs résultats au CEPE avec moitié filles/garçons (sauf ceux qui sont déjà choisis par des parrains et des marraines) et un garçon de plus que de filles. Nous convoquons les parents pour l’après-midi pour leur expliquer la marche à suivre via le tableau d’affichage à l’extérieur de l’école.

Nous établissons ensuite les listes d’enfants pour les interventions du vendredi (80 enfants à répartir en 4 groupes : Nazotoa fera équipe avec Sylviane ce qui lui permet de s’habituer au mode de fonctionnement déjà mis en place l’an dernier et d’assurer un suivi des plantations comme le souhaite Sylviane.

Notre dernier sujet : le logement de Nazotoa. Il est convenu de solliciter les parents d’élèves pour la récolte de tous les matériaux qui se trouvent facilement dans la nature : raty, falafa et vakaky. Les bois seront commandés et payés selon le plan qui aura été décidé ensemble. Une prochaine réunion de parents d’élèves doit permettre de programmer le travail de construction de ce logement : Valéry sera le maître d’œuvre pour la surveillance des travaux. Jean Mbola sera sollicité pour déterminer l’emplacement. L’après-midi, Valéry et moi nous recevons les parents d’élèves des nouveaux collégiens parrainés. Malgré la distance, l’information leur est parvenue et ils sont tous là !

Nous sommes prêts pour accueillir les enfants demain matin.

Quelle joie de les revoir ! Ils arrivent très tôt ! Je suis aux premières loges depuis mon petit logement le « hilton 5 » pour partager leur plaisir de revenir à l’école et de se retrouver dans la cour. Les jeux s’organisent très vite et nul besoin d’une surveillance : ces 80 enfants savent jouer ensemble sans heurt (le foot évidemment avec un ballon en sacs plastiques, les cordes à sauter, les toupies….) A 8 heures tout le monde est prêt pour le grand nettoyage des classes avant de commencer le travail de l’année… Le temps n’est pas très sûr mais nous sortons quand même tables, bancs, livres afin de faire un bon dépoussiérage. Monsieur Patrice prend peur en milieu de matinée et nous accélérons… la pluie menace ! Tant pis nous ne lessiverons pas les sols ! Dommage ! La salle du bas retrouve son rideau pour séparer les classes de Patrice et de Nazotoa. L’arbre sculpture de la dernière mission d’avril se retrouve dans la classe de Patrice…. Puis l’appel par classe et la rentrée en fin de matinée. L’après-midi, je fais un petit discours de rentrée comme chaque année et les enseignants se retrouvent devant leurs élèves.
• Patrice prend les 25 petits de T1,
• Nazotoa a 8 T2 et 19 T3,
• Valéry 11 T2 et 17 T4,
= donc 80 élèves au total
Toutes les tables sont occupées. Mercredi et jeudi, je passe alternativement dans les 3 classes pour voir si tout se passe bien et aider comme je peux au rangement des documents qui ont été rentrés un peu vite le jour de la rentrée.

Le vendredi, nous nous retrouvons avec les intervenants pour leur reprise d’activités. Nous déjeunons tous ensemble (enseignants et intervenants) ce midi-là et je leur suggère de le faire à chaque visite des intervenants… Tout se déroule bien… Myriam et Valéry ont repris du service avec les « parasys » comme à chaque rentrée scolaire (l’hiver est la saison de développement de ces petites bêtes qui pondent sous les pieds et comme les enfants ne sont pas scolarisés, les plus délaissés sont vraiment atteints)…

J’ai donné rendez-vous aux enfants samedi pour faire des ateliers avec eux : le matin peinture des ardoises, l’après-midi couture. Les grands du collège viennent également samedi matin et je laisse mes petits peintres seuls pour prendre du temps avec les grands. Nous prenons le temps d’expliquer les parrainages et je leur fais un cours sur les monnaies et leur équivallence…

En fin d’après-midi, je propose à celles qui sont là et qui ont envie.. un shampoing/douche… c’est le grand succès… nous partons avec seaux, bassines, bols, savons, shampoing près de la source. J’apporte un peigne pour les cheveux. Malgré les nombreuses séances que j’ai déjà faites comme celles-ci, je m’éclate à les voir ! Cela commence timidement par un shampoing sans enlever les vêtements, puis on enlève le haut et on savonne le buste et les bras… et puis l’envie est trop forte ! On enlève aussi le bas et on lave tout le corps ! Et les vêtements y passent aussi ! Je me demande comment elles vont rentrer chez elles, nous n’avions pas prévu les vêtements de rechange !

Les plus petites partent en slip mouillé et je prête mes vêtements aux plus grandes… Elles me les rapporteront lundi !

Dimanche, jour de congé. Je vais rendre visite aux gens de Vatoroka. L’après-midi, Fliastre me rejoint et nous traversons pour aller visiter les gens de l’autre côté…

Lundi est férié (anniversaire de la première république malgache).

Mardi, je travaille plus avec Nazotoa et je reste avec lui pour animer la leçon de lecture malgache. Je passe ensuite un temps avec Valéry : grammaire française. Patrice a innové : il a disposé les tables des petits en demi-cercle ce qui laisse un espace intéressant au milieu pour « théâtraliser » les leçons…

 C’est mon dernier jour ! Je suis un peu frustrée d’avoir eu si peu de temps avec les enfants mais je dois rentrer pour finaliser les dernières questions administratives et prévoir tout jusqu’à notre prochain passage.

J’ai fait la liste de ce que je ne dois pas oublier et elle est longue !

Raymonde m’annonce qu’elle repart en France en novembre… il nous faut donc organiser les règlements jusqu’à notre retour. Céline une jeune femme française qui enseigne dans une école privée de Fort-Dauphin accepte de nous faire la comptabilité de l’association pour 2013 : je lui laisse tous les documents et les informations pour qu’elle puisse travailler sans trop de problèmes… nous sommes samedi soir et je pars demain.

Mission bien remplie. Je suis heureuse.

Je demande à chacun de ceux qui liront ce compte-rendu de prospecter pour quelques parrainages supplémentaires pour les enfants qui sont rentrés en 6e cette année. Pour vous aider à argumenter voici ce dont ils ont besoin :

  • 22 500 ariarys « d’écolage » pour l’année
  • une blouse
  • une tenue de fête : pantalon ou jupe noire et chemise blanche
  • une tenue de sport
  • une vingtaine de cahiers plus tout le petit matériel

Ces enfants ne rentrent pas chez eux chaque jour mais sont hébergés dans des familles d’accueil (parents ou amis) et doivent participer aux dépenses pour leur nourriture quotidienne. La liste est un minimum et ne comporte aucun livre. Nous évaluons à 15 euros par mois pendant 10 mois un parrainage suffisant pour chaque enfant. (le change varie entre 2 800 et 2880). Merci pour eux.

Un organisme a ouvert ses portes à Fort-Dauphin : le PACT qui distribue des bourses aux enfants scolarisés. Je suis allée les voir pour nos collégiens : malheureusement les dossiers sont déjà clôturés (ils ont distribué 1 400 bourses cette année). J’ai donné l’information à Valéry afin qu’il prévienne les parents de ne pas rater cette occasion l’an prochain. Le PACT est financé par QMM (Quit Minerai Madagascar). 

 

Anne-Marie Mignet

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2/ Compte-rendu de séjour à Madagascar de Marc PLATRET

Du 8 septembre au 8 octobre 2013

Faisant suite au séjour de mars 2013 ; j’avais décidé de revenir donner un coup de main pour aider, avant la rentrée scolaire d’octobre 2013.

Mon séjour d’un mois s’est déroulé en deux parties : la première moitié seul et la 2ème, avec Anne Marie.

…………

J’ai passé la 1ère semaine à Tananarive hébergé dans deux familles différentes, ce qui m’a permis de mieux voir et connaître, des malgaches, avec enfants, dans leur vie quotidienne. J’ai pu également apprécier leur savoir faire artisanal dans le domaine de la confection en couture et broderie. J’ai eu l’opportunité de rencontrer : un fonctionnaire chef de service au ministère de l’Education Nationale, de discuter avec une directrice d’école primaire publique malgache, de déjeuner avec un couple (retraité) de professeur histoire/géographie, et de retrouver un infirmier dans sa famille, impliquée dans une autre association, dont le siège social est dans mon village.

La découverte de la capitale, avec un guide étudiant, a aussi été l’occasion de divers achats : dictionnaire pour l’école, brûleur à gaz, spiruline, etc.

…………

La 2ème semaine à Fort-Dauphin me permit des démarches plutôt administratives (projet personnel) et rencontre/repas avec différents couples franco/malgache. J’ai effectué plusieurs visites : à l’hôpital, au tribunal et au centre « S.O.S village d’Enfants ».

Des contacts ont été pris pour le local de « stage » en 4e semaine.

………….

La 3e semaine, avec Anne Marie, Jean Marie et moi-même a été consacrée à la réorganisation des enseignants de l’école de notre association ZANAKY-LOKARO.
(Voir compte rendu Anne Marie)

…………..

FORMATION :

La dernière semaine (du 30/09/2013 au 4/10/2013) de formation pour les enseignants (dont 1 nouveau) et les intervenants extérieurs se déroula en matinée (8h 30/12h 30) dans une salle au lycée du sacré cœur.

Lundi : Avec les 3 pédagogues seulement nous avons échangé sur l’école et ses objectifs et comment progressivement se passer de nous. Et comment héberger le 3ème instituteur.

Mardi :

Instituteurs : Patrice Valéry Nazotoa

Intervenants extérieurs : Geneviève, Myriam, Sylviane et Lucie.

Animation : Marc et Anne Marie.

Thème Pourquoi des « Vazaha » à Lokaro ?

Travail par groupe de 3, retour à l’ensemble avec rapporteur de groupe – Echange collectif.

Intérêt de cette méthode à pratiquer avec les élèves.

2ème phase A quoi sert l’école construite à Lokaro ?

En demi-cercle, animation « Brain storming ». (Chacun énonce rapidement une réponse). Toute les réponses sont consignées au tableau… classement ….

Titres – « Très scolaire, Morale, Environnement … »

Intérêt : les réflexions de chacun enrichissent la production

Mercredi : chacun vient inscrire au tableau le résumé (sa phrase) de la production d’hier, pour répondre à la question posée : à quoi sert l’école ?

La production est riche et permet d’aborder le thème suivant : « Comment faire évoluer l’école ? »

Méthode : Individuellement, sur 8 coupons papier (1 feuille/pliée/découpée), chacun inscrit ses différentes propositions (56 réponses).

Travail : 24 suggestions ont été lues, commentées, inscrites au tableau. Comment passer de l’écrit à l’oral…et au concret ? La production est riche. On est plus intelligent à plusieurs que tout seul. Comment transférer cette méthode avec les élèves ? Avec quels sujets ? Quelles questions à poser ?

(Un rapport détaillé du contenu de cette semaine de formation, réalisé par Anne Marie, a été réunis à chaque participant)

Jeudi : Avec seulement les 3 instituteurs.

La langue malgache pour apprendre les bases de connaissance scolaires. Pourquoi ? Comment ?

  • Les effectifs et leur répartition en 3 classes
  • Les commandes de fournitures scolaires
  • La classe de T5, hors de Lokaro. Quelle suite à donner ?
  • La concertation entre les maîtres : sous quelle forme ?

Vendredi :  Journée de clôture

Présence de tous : enseignant et intervenants (7 personnes)

  • Présentation de la nouvelle organisation scolaire et journée d’intervention bimensuelle (chant, soins, botanique).
  • Echange sur l’école et la culture malgache (deux groupes de travail). Utilité de trouver une personne de confiance à Fort-Dauphin pour la gestion du fonctionnement de l’école. Comment plus associer les parents d’élèves ?…etc.

L’association « Zanaky Lakaro. » C’est quoi ? C’est qui ? Pourquoi ? Quel coût ?

Anne Marie présente globalement : les adhérents, les coûts, l’évolution.

S’ensuit un débat et les échanges sont très intéressants. Que faisons-nous à Madagascar ?

«  Ce n’est pas mon pays, c’est ma planète » répond Anne Marie.

Les participants apprécient avoir été acteurs du contenu de cette formation.

Chacun a son rôle qui doit s’inscrire dans l’action globale cohérente de l’association.

 

Marc Platret

Rentrée 2013-2014
Rentrée 2013-2014

Rentrée 2013-2014

PROJET SEPTEMBRE-OCTOBRE 2013

Mission SEPTEMBRE-OCTOBRE 2013

AIDE A LA RENTREE SCOLAIRE 2O13-2014

1 – Pourquoi ?

La petite taille de notre association et le fait que nous n’avons pas sur place à Fort-Dauphin d’organe décisionnaire, nous demande chaque année d’être présents pour accompagner l’organisation d’une nouvelle année scolaire. Nous travaillons à rechercher sur place une personne qui pourrait être un relais vers l’autonomie recherchée.

2 – Qui et quand ?

Marc Platret (pour une quinzaine de jours)

Jean-Marie Wisniowicki (durée non encore définie)

Anne-Marie Mignet du 22/09/2013 au 22/10/2013

3 – Quels objectifs ?

– Achat des fournitures scolaires de l’année

– Mise en place des différents virements de l’année : salaires, parrainages, charges sociales.

(ces 2 objectifs sont des constantes pour chaque rentrée)

– Recherche d’une association partenaire qui pourrait être notre relais pour les parrainages.

– Stage avec tous les intervenants malgaches qui travaillent avec nous (instituteurs et intervenants) : une semaine sur le thème « être instituteur ou intervenant à Zanaky Lokaro c’est quoi ? » dans lequel nous leur parlerons de notre fonctionnement et de l’esprit qui nous anime. Co-animation par Marc P. et Anne-Marie M.

4 – Quels moyens ?

Les frais pour cette rentrée scolaire n’occasionneront pas de dépenses supplémentaires par rapport aux années précédentes.

J’ai volontairement simplifié la présentation de ce projet de rentrée 2013/2014 puisqu’il s’agit d’un projet qui se conduit chaque année à chaque rentrée. Il faut comprendre également que nous sommes parfois confrontés dans ce genre de mission à des « imprévus » et que nous y répondons chaque fois en respectant l’éthique de notre association. Lorsque des situations difficiles se posent à nous, nous prenons le temps de consulter des personnes de l’association avant d’y répondre et essayons de ne pas nous positionner dans l’urgence.

Anne-Marie Mignet

Mission « Art plastique » mars 2013

Mission « Art plastique » mars 2013

Compte-rendu mission 2013

Ateliers artistiques avec les enfants de l'école de Lokaro

(réalisé par Véronique corrigé par l'équipe)

 

Nous sommes 6 personnes à partir pour cette mission :
Geneviève Chauveau, assistante familiale, et animatrice
Catherine Servant, éducatrice spécialisée
Cécile Meignant, graphiste
Véronique Bianchi, graphiste
Anne-Marie Mignet, institutrice et responsable de l'association
et sur une moitié du séjour
Elisabeth Le Deun, professeure de lettres

 

INTRODUCTION

Notre mission cette année prendra comme thématique l'arbre pour faire un écho au travail de plantation de la mission de février et aux ateliers d'horticulture qui ont lieu un vendredi sur deux.

Notre projet consiste en la réalisation d'un arbre en papier mâché dans l'école.

Nous devons emmener tout le matériel avec nous, papier compris, car on ne trouve pas grand chose à Fort Dauphin, et même les journaux usagés sont une denrée rare.

 

 

AVANT-MISSION

Après 20h de voyage depuis chez moi (Montpellier), j'arrive enfin le samedi 23 mars à Fort-Dauphin. Raymonde une franco-malgache qui vit à Fort Dauphin, impliquée dans l'association, vient me chercher à l'aéroport. Elle et son conjoint Sam m'accueillent dans leur maison, pied à terre de l'association sur Fort-Dauphin, pour un bon repas et une sieste salutaire.

L'équipe de la mission de Santé me rejoindra le lendemain, ils sont revenue pour moitié en pirogue d'Evatra village de pêcheur à 2h de marche de Lokaro.

Nous nous installons dans un vieil hôtel un peu décati mais spacieux : le « Mahavoky ».

Nous profiterons de ces quelques jours pour visiter les environs de Fort Dauphin, ce que nous n'avions pas fait la dernière fois. Ces visites et promenades (hôpital, pic St Louis, association Azafady, réserve Nahampoana) autant pour le plaisir que pour l'instruction nous permettront de mieux comprendre l'environnement social ou naturel de cette région. L'équipe médicale nous quittera le 28 mars, sauf Denis Bianchi qui prolongera jusqu'au 4 avril. Nous nous quitterons avec un délicieux repas chez Sylviane, l'intervenante horticulture.

Anne-Marie et Marc profiteront de Fort Dauphin pour régler les affaires courantes de l'association. Nous donnons rendez-vous aux collégiens parrainés, pour leur montrer comment écrire et poster une lettre pour leurs parrains, car ils n'ont jamais vu un timbre.

L'équipe « Ateliers » nous rejoindra petit à petit. Tout d'abord Cécile et Catherine puis la veille du départ Geneviève.

Avec Denis, Cécile et Catherine et nos deux guides Patrick et Octave nous partons deux jours visiter la baie de Sainte Luce au nord de Lokaro. La traversée des terres pour y parvenir nous apporte des informations sur les plantations d'eucalyptus robusta et de grevillea robusta. Nous arrivons à Sainte Luce au retour d'une pêche abondante : thon, rougets, sardines, langoustes… la population de pêcheurs, pourtant moins isolée, paraît aussi pauvre qu'à Lokaro ou presque. La baie est splendide avec ses rochers de granite sortant de la mer. Nous visitons une petite forêt de transition du littoral, protégée de la coupe, notre guide Octave connaît assez bien l'utilisation médicale des plantes.

Elisabeth Le Deun est arrivée de La Réunion pour encadrer une formation de « Français Langue Etrangère (F.L.E.) » pour les deux instituteurs de Lokaro auxquels s'ajouteront cinq autres enseignants de Fort Dauphin. Cette formation de 5 jours a été confiée à Lucie, une professeure malgache de l'Alliance Française, rémunérée par l'association pour cette action. En fait, Lucie sera présente au stage qu'elle n'animera seule que le samedi.

PREPARATION

Avec Cécile, nous rencontrons M. Désiré Labona, directeur d'une école privée dans un quartier pauvre de Fort Dauphin ; c'est un conteur connu à FD et nous lui parlons de notre recherche concernant des contes malgaches sur la thématique de l'arbre ; il n'a pas grand chose à nous proposer mais la rencontre est très intéressante. Nous décidons de demander à Patrice, l'instituteur et directeur de notre école, de créer un conte lui même, car il a des qualités de poète et de conteur.

Elisabeth viendra pour la première semaine d'atelier à Lokaro se joindre à nous, leur apportant un volet production d'écrits réalisés par les enfants, d'abord en malgache puis traduits en français par Patrice, tout à fait dans l'esprit du projet.

 

INSTALLATION A LOKARO

Dimanche 7 avril, notre équipe est au complet. Les courses pour vivre deux semaines en autonomie sont faites et nous sommes prêtes pour le départ.

Une partie de l'équipe (Anne-Marie, Geneviève et Elisabeth) part en 4X4 pendant que l'autre (Véro, Cécile et Catherine) part à pied et en pirogue (pour le plaisir). La traversée de la mangrove et la marche le long de la baie de Lokaro sont très douces et magnifiques comparées aux secousses du 4X4 qui emprunte la nationale cabossée. Je ne regrette pas cette arrivée très progressive avec un paysage que je reconnais petit à petit et notre émotion monte en même temps.

A Lokaro, quelques enfants nous accueillent pour la traversée du bras de mer. Anne-Marie, Geneviève et Elisabeth sont déjà sur la presqu'île, les provisions et les bagages ont été déchargés.

A peine arrivée, Geneviève installe son atelier, mais nous devons enlever le bois de la construction du « Hilton V » qui encombre l'école.

Ayant opté pour le camping, comme la mission précédente, nous installons notre campement dans la cour et le coin de vie collectif dans l'école.

Nous retrouvons les habitudes qui rythment la vie d'une mission à Lokaro, corvées d'eau, douches froides, toilettes sèches, cuisson au « fatapera » (sorte de brasero malgache), vaisselle dans les bassines, pas d'électricité, exceptées deux précieuses lampes solaires achetées par Anne-Marie. Bref, du camping.

C'est une découverte pour Catherine, dont c'est la première mission, elle s'adaptera très vite.

 

ATELIERS

Nous mettons au point notre calendrier car le temps nous est compté. Demain lundi, nous commençons les ateliers dès le matin. Il y aura 4 groupes d'à peu près 17 élèves chacun. Le matin 2 groupes (1 groupe des moins de 11ans et 1 groupe des plus grands) et l'après-midi 2 groupes (idem). Nous avons en tout 9 jours d'atelier (2 semaines), horaires : 8h30/11h30 et 13h30/16h30 = 54h

 

Trois ateliers sont menés en simultanés :

Geneviève et Catherine : cette mission première est la décoration des arbres dans la classe en collaboration avec cécile et véro. De plus nous souhaitons agrémenter notre travail avec des activités diverses.

Le but étant de donner du plaisir aux enfants au travers d'activité et de les voir évoluer.

Nous travaillerons avec les petits (+/-17 enfants de moins de 11 ans). Au programme : dessin de feuilles d'arbres, fleurs en papier crépon, colliers de perles enfilées ou tissées, papillons dessinés et découpés, guirlandes de serpents ou de chenilles, pompons, mandalas, origami.

En travaillant sur les colliers ou bracelet, c'est aussi travailler sur l'image de soi, ce qui nous ramènes vers un travail sur l'hygiène. Mais c'est avant tout permettre à l'enfant de s'exprimer, d'ouvrir son imaginaire et d'être fière du résultat obtenu.

Cécile et Véronique travailleront avec les grands divisés en 2 sous groupes (2 x 8 enfants), qu'elles partageront avec l'atelier production d'écrits.

Au programme : création de deux arbres dans l'école allant du sol au plafond, au rez-de-chaussée et à l'étage. Les matériaux et la technique utilisés sont le papier mâché sur grillage. Recherche de projet décoratif pour l'arbre. Réalisation d'une décoration des arbres avec des peintures fabriquées à base de gomme arabique, des pigments naturels et de la colle blanche. Travail sur la graphie de chaque prénom. Les prénoms feront partie de la décoration de l'arbre. Habillage de l'arbre avec les éléments décoratifs produits par le groupe des petits (Geneviève et Catherine).

 

Elisabeth (suivie d'Anne-Marie) et Patrice (l'instituteur) travailleront avec 8 élèves sur l'écriture de récits en rapport avec des arbres et des animaux rencontrés sur leur chemin, le plus souvent des anecdotes réelles et des expériences vécues par les enfants, générant des émotions fortes telles que la peur, la honte, la fierté, la reconnaissance, la joie… Patrice, stimulé par son entrevue avec M. Désiré Labona, s'est mis à écrire des contes qu'il va théâtraliser devant les élèves avec beaucoup de talent. Des photos rendent compte de l'attention extrême que ces contes suscitent chez les enfants, peu portés à rédiger des histoires extraordinaires, eux dont le difficile quotidien n'est pas de nature à nourrir leur imaginaire.

 

ENQUETE

Le vendredi 12 avril étant le jour des ateliers horticulture, santé et chant choral, nous sommes au repos.

Nous profitons de cette accalmie, Cécile, Elisabeth et moi accompagnées de Manitra, le fils de Sylviane-Rose qui qui nous sert d'interprète, pour partir dans les villages interroger des habitants sur leurs histoires dans cette presqu'île de Lokaro, avec en arrière pensée la création d'un document « Carnet de rencontres » (projet en cours). Les personnes que nous recherchons ne sont pas là mais nous interviewons :

à Vatoroka, M. Raviv, doyen du village et Mme Maka Resiny, femme de M. Maurice conseillé municipal.

A Itapera, M. Jaspère, biologiste marin en mission à Itapera et Mr Claudio, instituteur suppléant de l'école publique classe de T2 et T3 d'Itapera.

Suivront, en fin de séjour les interviews de Mr. Noelson, chef du village d'Itapera et président du Fokontany, de Messieurs Patrice et Valéry, instituteurs dans notre école.

Ces rencontres nous permettent surtout de partir à la rencontre des habitants afin de mieux comprendre le fonctionnement social de cette communauté.

 

REUNION DE PARENTS D'ELEVES

Jeudi 18 avril, nous avons reçu les parents d'élèves dans la classe de M. Patrice.

Devant une vingtaine de parents présents, chacune de nous s'est présentée. Puis nous avons présenté notre projet plastique (qui était déjà bien visible dans la classe). Nous avons été applaudies. Lors de nos explications sur l'importance de l'arbre dans la vie et l'importance d'en planter, un père de famille nous a dit son souhait d'avoir une initiation à la plantation d'arbres, nous avons répondu que nous allions y réfléchir car nous n'intervenons normalement qu'avec les enfants, mais que nous l'avions entendu. Le débat s'est alors porté sur l'absence de cours à l'école publique d'Itapera pour la classe de T5 (due à l'absentéisme de l'instituteur). (voir CR d'Anne-Marie ?).

 

REPOS

Le premier WE de repos sera pluvieux pour moitié. Le samedi notre balade à Vatoroko est interrompue par une belle averse. Dimanche nous allons à la messe pour écouter les chants malgaches puis nous partons en balade à Itapera. Une bande de joyeux garçons nous accompagne tout au long du chemin.

Le second WE nous fêtons l'anniversaire de Cécile en déjeunant au camp pirate, puis bain et soleil enfin !

 

FÊTE

Nous organisons une fête pour notre départ le lundi 22 avril.

Au programme :

Nous questionnons chaque enfant sur ce qu'il a vécu durant ses deux semaines. Les enfants énumérèrent toutes les techniques apprises et exprimèrent à l'unanimité la joie de voir cet arbre portant tant de couleurs dans la classe.

Puis Patrice conta sous l'arbre, suivi par chaque enfant racontant son histoire illustré par un dessin. Suivirent des jeux de cour avec Geneviève et Catherine.

Puis une dégustation sous les arbres, d'un chocolat au lait avec biscuits et bonbons fut proposé, accompagnée d'un cadeau (un petit livret et des crayons) pour chaque enfant.

Discours d'au revoir… Émotion.

Certains enfants étaient tristes de notre départ et dans l'espoir de nouvelles retrouvailles.

Après-midi ménage pour la reprise des cours le lendemain.

 

HILTON V

Lors de notre mission Anne-Marie a pu assurer la maitrise d'œuvre du Hilton V avec deux ouvriers parents d'élèves et l'instituteur Valéry. Lors de notre départ le Hilton V était presque terminé.

 

BILAN DU SEJOUR :

Catherine

Les plus :

La variété des activités a permis aux enfants de toucher à différentes matières et de s'initier à différentes techniques.

En deux semaines, elle a vu une nette progression dans l'application et la précision du geste.

Elle a aimé l'idée qu'un travail individuel puisse aboutir à une œuvre collective.

Le travail avec sa co-équipière Geneviève était limpide et dans le respect de l'autre.

Elle a aimé la joie des enfants quand leurs œuvres ont été terminées.

Elle retiendra les sourires des enfants et les liens créés avec eux au fil du temps

Elle aurait aimé plus de relationnel avec les parents, faire un travail sur l'hygiène, sur le poisson et sur le chocolat ?

Points à revoir : les journées d'animation ont été trop longues et trop lourdes. Le moment de ressourcement du midi n'a pas eu lieu car nous devions nous occuper d'une dizaine d'enfants souffrant de dénutrition qui partageaient nos déjeuners.

Geneviève

Les plus : ravie de la coopération avec Catherine. Le travail en deux équipes parallèles, pour les ateliers d'arts plastiques a bien fonctionné et le résultat a été d'un bel effet.

Geneviève souligne que c'est un grand bonheur pour elle de travailler avec les enfants et de sentir leur joie et leur plaisir. C'est aussi agréable d'être identifiée et reconnue (Geneviève est déjà venue pour des ateliers).

Evolution en deux semaines de la précision du geste dans les activités manuelles.

Points à revoir : le rythme serait ok s'il y avait la possibilité de se ressourcer, cela a généré des petites tensions qui sont vite dissipées. Sur ce point elle est d'accord avec Catherine.

Conclusion : Geneviève est épuisée mais requinquée.

Cécile

Les plus : Cécile est très satisfaite du résultat et de l'explosion de couleur qu'apporte l'arbre dans la classe. Elle trouve que le projet de deux arbres était peut être trop ambitieux pour Lokaro, et qu'il a généré un trop lourd travail de mise en œuvre, du stress, quelques tensions, empiétant parfois sur la bonne humeur, et surtout sur la disponibilité et le temps d'échange avec les enfants. Le travail de la première semaine était aussi trop répétitif avec l'encollage de l'arbre (et doublé). Lassitude ressentie de certains enfants. La deuxième semaine était plus créative. Les enfants ont abordé et travaillé la décoration graphique, faisant appel à l'imaginaire, sur l'arbre d'abord (sur papier puis sur le volume), puis sur l'écriture de leur prénom. En comparaison avec l'année précédente, les enfants ont vraiment changé. Ils ont évolué, progressé, s'expriment plus volontiers, et sont vraiment avides d'échange.

Points à revoir : Cécile a trouvé également qu'il n'y avait pas assez de temps pour se ressourcer (surtout à l'heure du déjeuner), sachant que les poses ainsi que certain temps de préparation (matin ou soir) étaient utilisées pour avancer le travail sur l'arbre.

Véronique

Véronique est très satisfaite également du résultat. Elle trouve que le travail était ambitieux mais nécessaire car on ne pouvait pas faire qu'un seul arbre dans une seule des deux classes. Personnellement elle s'était préparée en amont pour ce travail et connaissait l'ampleur du travail. Il est vrai qu'il y avait une grosse mise en œuvre plus technique que lors de sa dernière mission. Elle pense que la lassitude des gestes répétés a été plus sensible pour les intervenantes que pour les enfants qui ont finalement peu travaillé d'heures sur l'encollage mais plus sur la création. C'est aussi un projet qui laisse une trace et qui reste dans le temps. Il modifie profondément l'ambiance visuelle des deux classes, plutôt austère.

La vie de groupe s'est passée assez simplement et facilement.

Points à revoir : Véronique, comme toutes les autres, a trouvé également qu'il n'y avait pas assez de temps pour se ressourcer. Elle pense que deux semaines sont insuffisantes pour réaliser un projet à Lokaro.

Regret, il manque d'homme dans le groupe. Plus de mixité serait plus agréable.

Elle tient à dire à Anne-Marie son admiration devant sa constance et son implication sans faille pour cette association et son école.

Elisabeth (bilan comprenant le stage « Français Langue Etrangère des instituteurs»)

les points forts :

– la prise de conscience de la nécessité d'une formation des maîtres en FLE pour une pratique fluide de la langue orale et de la très forte demande émanant de nos deux instituteurs mais aussi de leurs collègues des écoles publiques, bien moins « nantis » qu'eux

– le plaisir partagé lors de ces journées où chacun et chacune s'est risqué à communiquer en français et a accepté de se plier aux contraintes de la prononciation française, avec rires et décontraction, l'espoir de « semer » quelques ferments d'une pédagogie pratique transférable à Lokaro, avec une évaluation formative et bienveillante

– le contact plus étroit et plus chaleureux avec Patrice et Valéry

– la possibilité de produire des écrits bilingues malgaches-français en rapport avec la thématique de l'arbre

– l'apprentissage, pour Patrice, d'une écriture par les élèves de récits en plusieurs étapes, avec rédaction d'un premier jet puis d'un deuxième et troisième jet, après corrections et développement des textes.

– Le déclenchement, chez Patrice, de la « fièvre » de l'auteur et du talent du conteur après son entrevue avec M. Désiré Labona, activités très gratifiantes, autant pour lui que pour les élèves.

Difficultés rencontrées :

le logement sous tente avec un matelas insuffisant préjudiciable à mes pauvres lombaires qui ont mis une semaine à s'en remettre et les parasy qui m'ont mené la vie dure longtemps après mon retour à La Réunion !

Je voudrais conclure en félicitant les quatre animatrices de la métropole dont j'ai fait la connaissance à l'occasion de ce séjour et dont j'ai admiré l'enthousiasme et l'engagement dans ce projet, mené à son terme malgré un temps très court. Je me réjouis de les revoir bientôt à Pradels et les considère désormais comme des amies très sûres qui pourront compter sur moi en toutes circonstances.

Anne-Marie

Remercie l'équipe d'avoir été là. Anne-Marie aime travailler en équipe car c'est plus reposant de pouvoir échanger des points de vue face aux problèmes du quotidien qui doivent être gérés lors de ses séjours. Elle aime avoir des avis extérieurs, à plusieurs, c'est plus facile d'avoir de l'objectivité. Elle trouve agréable la fluidité du relationnel des deux derniers groupes.

Elle a senti qu'il y avait eu des zones de stress sur cette mission : soit le projet était trop ambitieux, soit le temps était trop court. En effet, la gestion du repas des enfants le midi était trop lourde, il aurait fallu solliciter des parents, par exemple. Il a manqué du temps pour faire des toilettes collectives avec les enfants. Du fait de la saturation et du manque de temps, nous n'avons pas pu avoir des moments privilégiés et particuliers avec les enfants, hors des ateliers, afin de créer du lien. Il faut être vigilant à la relation projet/temps.

Les arbres sont là, ça reste, c'est un lien physique et matériel avec ce temps de partage exceptionnel. Chaque enfant a son nom dans l'arbre.

« Vous allez me manquer, et nous allons voir ce que les « Zanaka » vont dire après votre départ. Notre présence a libéré la parole des enfants, ils sont plus épanouis, à l'aise et pleins d'humour. C'est très émouvant de voir l'évolution de leur approche avec nous, ils recherchent maintenant un contact tactile, serrer la main, toucher l'épaule…

Il faut rester modeste et humble, notre action n'est qu'une goutte d'eau, on donne et on verra bien. Apporter les arts plastiques en brousse, là où ils n'ont que le minimum, c'est prendre conscience que l'on ne vit pas que de pain. »

 

 

 

 

 

L'arbre de la connaissance
L'arbre de la connaissance
L'arbre de la connaissance
L'arbre de la connaissance
L'arbre de la connaissance
L'arbre de la connaissance

L'arbre de la connaissance

Pour finir Véronique propose une citation de Gabriel Tetiarai cité du livre « Repenser l'école » :

" L'avenir c'est déjà de livrer à nos enfant un espace de liberté et de justice qui fera d'eux des femmes et des hommes debout et non la main tendue. "

Le temps de ces ateliers, nous leur avons offert un petit espace de liberté.

Gabriel Tetiarai cité du livre « Repenser l'école »