Compte rendu de mission du 10 octobre au 27 novembre 2022

Anne-Marie

Trois années s’étaient écoulées depuis la dernière mission de novembre 2019. Il était difficile de se donner des objectifs précis sans savoir ce que nous allions trouver là-bas… malgré des skypes et autres échanges fréquents le « henamaso »* malagasy nous laisse une belle part de surprise possible !
*henamaso : art de ne pas s’affronter. Dire à l’interlocuteur ce qu’il a envie d’entendre.

Il fallait aussi se garder disponibles pour agir là où nous serions utiles.

Pour ma part cette mission a été très difficile. Le passage par Tananarive m’a bouleversé la santé et je me suis retrouvée au fond de mon lit de campement pendant la première partie du séjour. Je crois que je ne serai plus tout à fait la même !

Notre arrivée à Lokaro a été encore une fois très émouvante. Les enfants nous attendaient avec de joyeux cris d’accueil depuis le bord du fleuve… Waouh ! Difficile de ne pas verser la larme qui vient… la distribution des nouveaux T-shirts en fin de journée sera une vraie fête ! Après une semaine lorsque ma santé est meilleure, les parents viennent nous apporter leurs offrandes de bienvenue… quel moment !

Une petite histoire à raconter : j’avais récupéré avec Mariette M. des photos qui dataient de nos premiers séjours à Lokaro. J’avais un BB dans les bras il m’avait même fait pipi dessus… j’ai fait circuler ces photos parmi les parents présents pour notre accueil et le BB a été identifié : c’est Adolin… je le connais donc depuis toutes ces années et Véro a repris une photo de nous 2… il a 16 ans et il est au collège ! J’ai fait tiré un double de la photo pour la laisser à la maman… liens tissés…

Voici donc les points que nous avons pu mener :

1 – RENCONTRE AVEC MR MARCELLIN DE L’ONEP (Office National de l’Enseignement Privé)
2 – BRUNCH A F/D avec tous nos partenaires
3 – TRAVAIL SUR LA PRISE DE PAROLE EN REUNION avec les parents d’élèves, les enseignants, les élèves
4 – RENCONTRE A LA DREN (Direction Régionale de l’Education Nationale)
5 – VISITE AU CISCO : Circonscription Scolaire de Fort-Dauphin
6 – RENCONTRE AVEC LA NOTAIRE
7 – LES EXPERTS SOLIDAIRES
8 – DOSSIER ACCORD DE SIEGE

1 – RENCONTRE AVEC MR MARCELLIN DE L’ONEP

Nous voulions faire connaître notre école et voir avec eux les possibilités de subventions en matière de participation au salaire des enseignants ainsi que d’autres avantages qui sont accordés aux écoles publiques comme la distribution de « kits scolaires » aux enfants. Ce qui a marqué notre passage dans leur service :

  • nous sommes une des rares écoles privées de brousse totalement gratuite. La plupart des établissements privés sont des entreprises établies en ville à visée commerciale avec des « écolages » importants pour les parents.
  • Notre école est gratuite sans écolages et tous les effets scolaires sont fournis aux enfants.

Mr Marcellin et Mr Mino son collaborateur qui a participé à notre échange connaissaient l’existence de Zanaky Lokaro. Mr Mino nous dit qu’il est même venu visiter l’école en novembre 2019 lors de mon séjour avec Joseph Mignet, s’ils s’étaient annoncés je serais venue les rencontrer. J’étais à F/D en travail administratif.

Notre échange a été très intéressant à défaut d’être fructueux. Les possibilités de subventions existent et sont de 2 sortes :

  • aide au paiement des salaires des enseignants à raison de 30 000 ariarys/mois/instituteur pendant 10 mois en comptant 1 instituteur pour 50 élèves. Nous pourrions donc prétendre sur une année à 30000x10x2 puisque nous avons 100 élèves. Soit 600 000 ariarys. (soit moins de 150 euros)
  • aide à la prise en charge des écolages des parents (non défini précisément)

Un dossier doit être fourni chaque année et transmis par la DREN de Fort-Dauhpin. Les dossiers ne sont pas transmis par mail. Ils sont transportés par la route ce qui fait que les dossiers prennent souvent beaucoup de retard et que les subventions sont payées sur l’année suivante. Mr Mino nous demande de lui transmettre les dossiers par mails dès qu’ils sont prêts afin de pouvoir faire un pré-traitement. Nous ne nous attendions pas à rencontrer autant de difficultés administratives pour le montage de ces dossiers.  Affaire à suivre….

2 – BRUNCH A FORT-DAUPHIN avec tous nos partenaires à l’hôtel RAVINALA

Sur la photo : M. Max – M. Marcel – Mme Elie – Anne-Marie – Filiastre – (Devant) Fulgence – (Devant) Larissa – Mme Maria – Sigasy – Narcisse – Hanta

Étaient présents : Narcisse, Filiastre, Tsigasy (nos 3 intituteurs), Fulgence (notre factotum de l’école Z-L), Hanta (notre secrétaire), Larissa (nouvelle recrue pour la gestion des parrainages et autre), Monsieur Marcel (notre comptable), Madame Elie (notre professeur de français), Monsieur Max Poujol (qui a accompagné Fulgence pour la plantation d’artémisia à Lokaro), Maria qui était invitée par Larissa, Denis, Véro et moi. N’ont pas pu répondre à l’appel Monsieur Mamy gérant du Mahavoky, Docteurs Abel et Ligia.

Nous avions rencontré (par hasard ?) Cyril qui était cuisinier au « camp pirate » à Lokaro chez nos amis Marmorat et qui est désœuvré depuis la fermeture du camp. Il nous prépare un super petit déjeuner avec beignets de crevettes, achards de légumes, crêpes le tout arrosé de café, thé, jus de fruits… tout le monde se régale et c’est l’occasion d’un échange entre toutes ces personnes qui n’ont pas l’occasion de se rencontrer toutes ensemble. Après une présentation de chacun des participants la conversation s’engage avec les uns et les autres. Maria est la femme de Norbert qui a formé Lizo en menuiserie et l’a embauché. Larissa travaille avec elle depuis plusieurs années sur des projets d’aide aux enfants de F/D. Elle s’intéresse à notre école et serait prête à financer des actions ponctuelles. Elle rassemble des fonds près d’amis allemands et finance des projets lorsque des personnes semblent prêtes à se lancer.

Après notre séjour à Lokaro nous lui présenterons le projet des « jeunes mamans » qui aimeraient se former en cuisine, couture et tissage et se mettre toutes ensemble en coopérative sur la presqu’île. Ce sont toutes des anciennes élèves de Zanaky Lokaro.

Filiastre et Tsigasy reprennent contact avec madame Elie et refixe un prochain cours…

3 – PRISE DE PAROLE EN REUNION

Je voulais travailler sur la prise de parole dans le cadre de réunions. Mon expérience passée était toujours insatisfaisante.

  • parler chacun son tour
  • écouter celui qui parle

et cela à 3 niveaux :

  • les parents d’élèves
  • les enseignants
  • les élèves

Conclusion de l’expérience : la mise en place du bâton de parole a bien fonctionné avec les parents d’élèves qui sont venus très nombreux à la réunion. Hanta était notre traductrice. Expérience à renouveler afin que la parole tourne davantage. Avec les enseignants cela a été plus difficile : Narcisse a un très bon niveau de français et a tendance à parler à la place de ses collègues… moins motivés pour apprendre le français. Avec les enfants de T5, il m’a manqué du temps pour avoir de vrais résultats mais mon expérience a été encourageante sur des leçons aussi variées que mathématiques, géométrie et français… la santé m’ayant manqué je n’ai pas pu faire autant de séances que j’aurais voulu.

 

Le départ de Lokaro a été très, très émouvant… plusieurs enfants pleuraient.

Retour à Fort-Dauphin et travail administratif avec Hanta.

4 – RENCONTRE A LA DREN

Nous voulions essayer de récupérer les dossiers de Filiastre et Tsigasy pour leur éviter de refaire un aller-retour sur F/D. Ils nous avaient informés que les dossiers étaient prêts et que leur « autorisation d’enseigner » pouvait être délivrée. Une information qui avait été transmise à Filiastre par Mr Pierrot. Lorsque nous arrivons Hanta et moi le dossier n’est plus prêt…

5 – VISITE AU CISCO

Nous voulions voir avec eux la mise en place d’un autre circuit de circulation des documents administratifs entre l’Ecole et eux. La responsable pédagogique comprend bien que nos enseignants ne peuvent pas se déplacer facilement. Nous voudrions que Hanta devienne réellement la secrétaire de l’école et s’occupe de toute cette partie administrative. Après un échange avec le chef ZAP (Responsable pédagogique de la zone de Lokaro) cela semble réalisable… il nous faut expérimenter. Hanta est prête à prendre en charge cette partie de la gestion de l’école afin que les instituteurs n’aient pas à s’absenter de leur classe.

6 – RENCONTRE AVEC Me NANTENAINA NOTAIRE

Je suis passée au service des Domaines qui s’occupe de la délivrance des relevés topographiques et leur description juridique. Je demande la délivrance d’un relevé plus récent que celui que nous avons obtenu en 2006 et qui est illisible. Il sera disponible dans une semaine et c’est Hanta qui viendra le récupérer. Me NANTENAINA (la notaire) voudrait en avoir une copie. Elle me garantit qu’aucune transaction n’a eu lieu sur le terrain de l’école et que rien ne pourra se faire sans notre information et notre accord.

7 – EXPERTS SOLIDAIRES

Une mauvaise surprise nous attend à Lokaro lorsque nous arrivons : le puits est à sec… nous allons vivre toutes ces journées en nous douchant dans un verre d’eau ! Nous privilégions la boisson et la cuisine évidemment et les bains de mer pour Véro et Denis… moi je reste dans mon bain de transpiration….

A Lokaro : un couple de jeunes « vazahas » qui visitent la presqu’île font un détour pour nous parler. Ils trouvent notre école très belle et différentes des autres écoles… nous leur parlons de notre problématique de puits à sec…. une de leurs amies Louise est « Experts Solidaires » à la Mairie de F/D et pourra peut-être nous aider. Les « Experts Solidaires » sont une ONG qui travaille sur la gestion des boues de la ville de F/D ! C’est un immense chantier et lorsque nous leur parlons de notre problématique de l’eau à Lokaro ils sont très à l’écoute : Louise laisse parler son collègue malgache Parfait de son prénom : les puits se tarissent à peu près au bout de 10 à 15 ans d’utilisation. Le nôtre a été creusé en 2006, il a donc donné ce qu’il avait à donner. Parfait nous dit qu’il faut faire un sondage et peut-être recreuser plus profond ou à un autre endroit… ils peuvent nous aider à trouver une entreprise qui viendrait sur place pour ça… évidemment il faudra trouver le financement ! De plus la sécheresse gagne du terrain et les nappes phréatiques sont de plus en plus basses. Il nous paraît urgent de faire quelque chose… l’eau ne reviendra pas toute seule par « on va trouver une solution »… j’ai l’impression de me retrouver 17 ans en arrière lorsque nous avons fait creuser le puits parce que la source ne donnait plus d’eau et que les villageois attendaient que ça revienne….

Louise nous communique les coordonnées d’une association qui installe des cuves de récupération d’eau de pluie… cela nous semble difficile à mettre en œuvre :

  • nos toitures sont végétales
  • il ne pleut pas quand le puits est sec !

Ils nous disent de faire une enquête sur la consommation d’eau au village : nombre de personnes concernées, nombre de seaux par famille… j’ai transmis l’information à Filiastre et lui ai demandé de s’en occuper…

8 – ACCORD DE SIEGE

Pendant notre premier séjour à Tana nous avons eu l’agréable visite de Mr Raparison… trop courte mais vraiment intéressante… nous aurions aimé la prolonger mais Eric est très occupé. Lors de notre échange, il nous conseille de mettre en route notre « accord de siège ». C’est un dossier que j’avais déjà étudié lors de mes missions administratives d’avant le secrétariat. Ca me semblait tellement énorme à faire que j’avais abandonné ! Je confie le travail à Hanta pour mettre ça à jour… nous n’aurions plus besoin de visas pour nos missions et nous ne paierions plus de droits de douane pour nos envois là-bas ! Merci Eric pour ce rappel ! Il va falloir quelques mois pour le dossier mais nous avons le temps et Hanta a commencé à regarder ce qu’il nous faut faire comme dossier… Je lui conseille de se faire aider de Mr Marcel.

Je suis chez moi depuis un peu plus d’une semaine maintenant. Ce grand écart dont parle Véro est toujours plus difficile d’année en année… J’aime notre association Zanaky Lokaro et c’est vraiment toujours une joie immense d’accompagner… les petits et grands bonheurs que nous partageons avec les enfants, les enseignants et les parents d’élèves sont toujours immensément plaisants… tout l’environnement administratif de terrain est pour moi source de conflits internes et externes qui sont extrêmement perturbants… je m’en remets à ce que nous déciderons nous tous pour l’avenir de l’école.

Anne-Marie MIGNET


Compte rendu santé année 2022

Denis BIANCHI

Cette année 2022 m’ aura permis de retourner sur Lokaro lors de notre mission d’octobre et novembre 2022, accompagné de Véronique et Anne Marie.
Les nouvelles ne peuvent être plus fraîches.
Pour la santé des enfants, Narcisse, assistant sanitaire aura géré avec beaucoup de dévouement la santé des enfants au sein de l’école depuis 3 ans.
Il aura d’ailleurs effectué un stage sur Fort Dauphin avec le docteur Abel, médecin qui se déplace sur Lokaro régulièrement, depuis le départ du Dr Myriam, partie vivre au Québec.
Les médicaments sont régulièrement approvisionnés, et utilisés à bon escient.
Un lien toute l’année existe entre nous puisque Narcisse ou Hanta m’informe des dernières nouvelles : demande d’hospitalisation, validation des listes de traitement, suivi de soin des enfants…, Un lien continu rendu possible grâce à internet, et skype.
Pour ce séjour sur place, l’heure est venue de reprendre contact avec les enfants.
A notre arrivée, tout le monde est sur son 31, une distribution de Tee-shirt est organisée dans la joie.
L’objectif global de cette année est de voir tous les enfants de l’école, faire un bilan avec Narcisse, rencontrer le docteur Abel, faire un état des lieux, dispenser des soins au décours du séjour.

La visite des enfants :

Une visite de rentrée scolaire est organisé, tous les enfants sont vus individuellement. Visite médicale, dispensation des soins, mise à jour des fiches de soins. La présence de Hanta en interprète est d’un grand secours pour une évaluation plus fine des enfants, merci à elle.
Le bilan est globalement positif, les ventres ronds ont disparus depuis ma dernière visite il y a 4 ans. Les vers sont absents (succès du vermifuge trimestriel), les parasys sont rares. Les soins traités sont usuels, sans gravité, hormis un abcès dorsal profond.
Nous remarquons une baisse de l’hygiène des vêtements, des corps. Les instituteurs ont été confronté à un problème, qui est le manque d’eau du puits.
Ils ont donc abandonné à ce jour les ateliers douches et lavages de vêtements en attendant des jours meilleurs, qui nous l’espérons reviendront vite.

État des lieux :

Un dispensaire s’est ouvert sur le village voisin d’Itapera, il est tenu par une sage femme toute seule comme soignante, avec un médecin coordonnateur qui travaille sur l’ensemble de la commune, mais jamais sur place.
Les consultations sont ouvertes à tous et gratuites, les médicaments sont payants, mais de coût relativement modique, à mon sens (moins de 1 euro un traitement antibiotique complet).
Les médicaments sont en suffisance, et les vaccinations sont gratuites.
La sage-femme effectue une dizaine d’accouchements par mois dans le dispensaire. Les conditions sont spartiates, mais propres, les couchages inexistants (un lit sans matelas, et une table de travail).
La sage-femme a été mutée à Itapera sans qu’elle soit volontaire et devrait rester 3 ou 4 ans avant de partir, ce qui semble être son souhait. C’est son premier poste, elle a 23 ans. Elle collabore parfois avec l’école et Narcisse.

 
Dispensaire d’Itapera

Le dispensaire de MANDROMODROMOTRA est fonctionnel sur le même modèle que celui d’ITAPERA. Il y a «3 sage-femmes et 1 infirmier qui tournent sur le dispensaire et les environs, avec visites et vaccinations dans les villages. Les chambres sont toujours aussi dévastées, et carrément fermées.
Un service ambulancier est organisé pour les évacuations sur Fort Dauphin (gratuit), vers l’hôpital. Les médicaments sont en suffisance, avec un frigo opérationnel.

L’école :

La pharmacie et l’infirmerie sont opérationnelles, les soins sont ordonnés mais tracés dans un cahier journalier et non sur les fiches individuelles rendant inexploitable l’histoire médicale de l’enfant.
L’armoire a pharmacie est rangée, les médicaments et dispositifs sont utilisables. Les lieux sont entretenus. Merci à Narcisse et au Docteur Abel pour leur travail au sein de l’école.
L’essentiel des soins dispensés sont les grippes, infections bronchiques, petits bobos, et surtout les soins pour les enfants impaludés, soit les 3/ 4 d’entre eux au décours de l’année .
Un avant poste médical avancé, quasiment autonome et efficace.

Bilan avec Narcisse :

Une rencontre formelle est organisé avec Narcisse, pour faire un bilan.
Narcisse fait part de sa satisfaction d’être assistant sanitaire, il exprime le besoin d’approfondir ses connaissances, en continuant ses stages avec le docteur Abel lors des vacances scolaires. Nous reprenons l’idée de l’utilisation systématique des fiches de santé individuelles, ce dont il convient. Le docteur Abel les utilisant déjà, la mise en place devrait être facile. Narcisse souhaite continuer à gérer ce poste.
Nous reprenons les circuits de soins, avec les fiches que nous avions établies il y a quelques années, car le système semble avoir connu quelques glissements, avec le changement de personnel.

Nous donnerons une explication aux parents d’élèves quelques jours plus tard, concernant les circuits de soins et surtout à qui ils s’adressent. Soit les enfants de l’école primaire de Zanaky Lokaro, et les étudiants en cours de scolarité (collégiens et lycéens après consultation chez le docteur Abel) s’ils ont suivi leur scolarité à ZL.

Les soins dispensés au dispensaire de MMM ne sont pas pris en charge par l’association.

Le Docteur Abel :

Nous rencontrons le docteur Abdel, un dimanche jour de visite sur la presqu’île. Il est venu seul, sa femme le docteur Ligia l’accompagne habituellement.
Rencontre sympathique, le médecin est rompu à la médecine de brousse, et son comportement envers la population est bienveillant, merci de suivre notre petite école.

Conclusion :

Une visite somme toute sans surprise, le fonctionnement et les soins semblent dispensés avec cohérence, et de façon quasi autonome.
Reste une précarité de l’ensemble de la population, qui malgré la pauvreté semble en meilleur état que dans les villes. Certains restent très fragiles voir limites…
Un projet de distribution de mofo gasy (pain malgache) est à l’étude mais resterait à financer (1500€ annuels) à organiser, avis aux motivé(e)s.

Bianchi Denis


Compte rendu ateliers de la mission de Nov. 2022

Véronique BIANCHI

Nous arrivons le 11 octobre dans la capitale Antananarivo.

Nous rejoignons Anne-Marie, qui est arrivée la veille, au Rova Hotel dans la ville haute, au coeur des « quartiers riches » du centre ville.

Nous sommes heureux de nous retrouver dans ce petit hôtel sombre mais confortable et joliment décoré. Nous sommes pour 3 jours à Antananarivo en attendant notre correspondance pour Fort Dauphin.

ONEP

Nous avons organisé un RDV avec M. Marcelin directeur du bureau chargé des écoles privées du ministère de l’Education Nationale malgache.
L’immeuble de ce service gouvernemental est un peu vétuste dans une rue très animée non loin du marché et nous cherchons un peu son bureau dans le brouhaha des vendeurs de bricoles chinoises sur le trottoir.
Nous sommes reçus tout de suite (ce qui ne nous arrive pas souvent à Mada) par un homme élégant et poli. Il nous explique la situation des écoles privées dans son pays. « Ici à Madagascar l’Etat n’arrive pas à satisfaire le besoin en pédagogie de ses administrés. L’école privée a donc une place importante c’est à dire 71% pour les lycées, 54% pour les collèges, 22% pour les primaires. Les écoles à vocation sociale ne sont pas l’essentiel des écoles privées, mais il n’existe pas de recensement pour les différencier des établissements privés à but lucratif. Toutefois, il nous indique qu’en brousse (hors ville) il existe très peu d’écoles privées dont l’écolage est gratuit et le matériel scolaire fourni ».
Les écoles privées peuvent être soutenues par le ministère, il faut pour cela remplir chaque année un dossier a remettre à la DREN qui reçoit les dossiers. Cette année le délai de remise est dépassé, mais il demande à son collègue, le chef de la division nationale M. Mino d’accepter une dérogation, si nous envoyons le dossier par mail très vite. M. Mino connait notre école car il est déjà venu sur la presqu’île la visiter.

Les jours restants, nous décidons de visiter 2 projets sociaux sur la capitale, le village du Père Pédro et l’Atelier Dieudonné et Violette.

Akamasoa

Depuis les années 90 l’association du Père Pédro a construit plusieurs villages Akamasoa pour les plus démunis qui vivaient dans des conditions inhumaines dans les décharges d’Antananarivo.
C’est une équipe de bénévoles composée de 500 malgaches qui travaillent chaque jour avec le Père Pédro pour ce projet pharaonique que je ne peux décrire en quelques phrases. En bref il s’agit de 18 villages où vivent et travaillent plus de 17 000 personnes intégrant l’éducation, la santé et le sport.
Le Père Pédro a une aura exceptionnelle à Madagascar comme dans le monde entier. Nous ne pouvions passer quelques jours à Antananarivo sans visiter un de ces villages très propre, organisé et structuré, un peu comme les villages ouvriers du nord de la France au début du siècle qui contraste avec le désordre et la saleté de la ville d’Antananarivo.

Atelier de ferronnerie

Bien plus modeste mais très intéressant également, l’Atelier de Dieudonné et Violette dans la banlieue d’Antananarivo à Alasora : Il s’agit d’un atelier de ferronnerie dont les employés sont des anciens « sans abris », des personnes handicapés, des femmes abandonnées avec leurs enfants, etc. Les réalisations de cet atelier sont commercialisées dans le monde entier. Dieudonné nous fait la visite avec passion de ce lieu né de rien dans las années 90 avec sa compagne Violette.
Leurs esprits créatifs toujours en éveil apportent des solutions pratiques, économiques ou artistiques qui rendent ce projet global afin de tendre vers l’autosuffisance. Il y a l’unité de fabrication artisanal et artistique dont la matière première est le recyclage des métaux.
Ils ont bâti leur propre école et collège au fur et à mesure de la croissance des enfants des ouvriers.
Côté nourriture, le centre produit lui-même 30% de leur alimentation (fruits, légumes, lombricomposts, poissons, etc.). Ce projet est très inspirant et il est totalement malgache comme nous le précise Dieudonné.

Nous partons à l’aube pour l’aéroport direction Fort Dauphin.

Fort- Dauphin

Nous arrivons sur Fort-dauphin, où nous nous installons à l’Hotel Nepentès, confortable, central et verdoyant.
Nous nous rendons sans plus tarder à notre bureau situé dans l’hôtel Mahavoky, l’hôtel est une ruche où bourdonnent tout un tas de visiteurs qui circulent au milieu des caisses de matériel en tout genre, c’est la succursale du bureau du maire M. Mamy.
Notre bureau est situé à l’étage, Hanta notre jeune secrétaire nous y attend, elle sera rejointe par Larissa nouvellement embauchée pour gérer les parrainages et les jeunes pour la suite de leurs études.
Nous sommes heureux de rencontrer Hanta autrement que virtuellement. Elle est très accueillante et c’est un plaisir de la rencontrer. Hanta nous accompagnera pour les premiers 15 jours de notre mission à Lokaro. Hanta parle parfaitement le français.
Nous prenons quelques instants pour discuter avec Larissa qui nous semble très compétente pour le travail que nous lui avons confié.
Il nous faut quelques jours supplémentaires à Fort-Dauphin pour préparer et organiser notre séjour de 2 X 15 jours à Lokaro en autonomie (de nourriture, d’énergie et du reste aussi)…
Nous retrouvons les ambiances des abords surpeuplés et colorés du marché qui a déménagé depuis notre dernière venue. Il ne faut rien oublier car à part les « petites gargotes » ou l’on vend un peu d’huile, des petits sachets de lessive, des beignets et de l’alcool, nous ne pourrons pas nous approvisionner sur place.

Notre véhicule est bien sûr un 4X4 qui nous permettra d’arriver en entier jusqu’à Lokaro, la route, malgré sa dénomination « nationale », est toujours dans le même état qu’il y a 3 ans sauf peut-être quelques « nids de poule » retouchés ça et là, il faut dire qu’une personnalité doit inaugurer la réparation de l’école de Vatoroky. A la sortie de Fort-Dauphin nous prenons au passage Hanta. Surprise !! Hanta a une petite fille de 1 ans 1/2 qui nous accompagnera pour la mission. C’est un petit clown qui rendra notre première partie de séjour très drôle.
Le 4X4 est chargé d’une table de peinture fabriqué
e par le père de Hanta qui est menuisier.

Arrivée à Lokaro

Nous sommes très pressés de retrouver la presqu’île, Il était temps d’arriver.
C’est donc avec beaucoup d’impatience et de plaisir que nous avons atteint le rivage de la magnifique baie de Lokaro. Sur l’autre rive du petit bras de mer rejoignant le lac Mananivo, nous attendaient les écoliers venus nous accueillir. Partout se mêlent les visages familiers d’enfants devenus adultes, et parfois même devenus de jeunes parents, leurs parents vieillissants et les nouvelles petites têtes où l’on peut reconnaître les yeux du grand frère et le sourire de la grande sœur… Les prénoms sur le bout de nos langues…
L’école est posée là chaleureuse au milieu de la cour, domaine des enfants et des poules.
Notre équipe d’instituteurs, Fulgence notre factotum, les enfants et les parents d’élèves ont choyé leur école. Il y a là une fierté d’être scolarisé où de travailler à Zanaky-Lokaro et ça se voit.

Tee-shirt

Nous n’arrivons pas les mains vides, un sérigraphe de St Leu (La Réunion) « Atelier Bouftang » a offert plus d’une centaine de tee-shirts aux enfants de Lokaro, nous procédons à la distribution, les enfants et instituteurs sont ravis.

Lokaro

Nous installons notre lieu de vie dans l’infirmerie, point stratégique pour être au milieu de la vie de l’école. Notre couchage est posé dans des tentes confortables à l’écart, à côté du puit.

Le puit

Le puits est souvent à sec nous devons apprendre à gérer le manque d’eau. Les femmes arrivent tôt le matin vers 5h pour être les premières à pomper mais il se tarit vite et il faut parfois le cadenasser pour qu’il puisse avoir le temps de se remplir. Nous devons filtrer l’eau et faire attention au traitement. Lors de notre séjour nous rencontrons une française qui travaille pour une ONG qui propose des expertises, par exemple pour l’accès à l’eau. Anne-Marie les rencontrera plus tard à Ford-Dauphin, ce sera une piste à travailler pour comprendre les raisons de cette pénurie.

Maladie

Anne-Marie souffre d’un état grippal qui la fatigue beaucoup et se repose pendant toute la première semaine du séjour, elle a du mal à se remettre sur pieds. Tout le village prend de ses nouvelles tous les jours.

Instituteurs

Nous passerons du temps pour échanger avec tous et chacun sur le fonctionnement de l’école ou de l’administration. L’équipe enseignante est à notre écoute principalement Narcisse est très impliqué.

Parents d’élèves

Les parents nous comblent de leurs cadeaux que nous acceptons chaleureusement. Nous avons donc souvent trop de nourriture, crabes, crevettes, noix de coco, et nous distribuons à nos voisins. Nous sommes émus de leur reconnaissance. Nous partageons des photos souvenir de la construction de l’école ou des bébés devenus grands.
Nous organisons une réunion des parents d’élèves, Ils seront plus d’une trentaine à venir hommes et femmes. Anne-Marie introduit la technique du bâton de parole afin que chacun puisse s’exprimer en ayant l’écoute de l’autre. Cela marche très bien. Les parents d’élèves sont présents et concernés. Ils nous font la demande d‘agrandir l’effectif d’élèves, ils souhaiteraient également une classe de préscolaire, et plus enfants parrainés également.
Anne-Marie explique la source de nos financements de l’école et nos limites. Nous leur annonçons le coût par an et par enfant que nous convertissons en ariary et notre impossibilité de faire plus. Nous leur expliquons également la conjoncture en Europe. Leur silence nous fait comprendre qu’ils ont compris.

Puis, nous nous activons chacun avec nos spécialités respectives, pédagogie active pour Anne-Marie, soins pour Denis et activités manuelles pour moi.

Pédagogie et niveau de langue française

Nous constatons que le niveau de langue « français » parlé par Filiastre et Tsigasy n’est pas suffisant ce qui pose problème car l’enseignement se fait en français pour toutes les matières (sauf le malgache bien sûr). Les cours avec Mme Elie n’ont pas été suffisants et pour certains pas assez suivis. Seul Narcisse a un bon niveau qu’il ne cesse de travailler.
Filiastre et Tsigasy ont besoin de travailler l’oralité avec peut-être des nouveaux supports d’apprentissage de type bande audio, surtout Tsigasy qui est le plus faible à l’oral. Nous leur proposons de reprendre plus sérieusement les cours de mme Elie, de leur envoyer des supports pédagogiques. Narcisse se propose également de les aider ainsi que les élèves de la classe de T4-T5.
Anne-Marie passera beaucoup de temps de son séjour dans la classe de Tsigasy pour lui donner quelques clés pédagogiques.

Santé

Voir compte-rendu santé de Denis plus haut.

Ateliers

J’ai apporté du matériel pour faire notre propre gouache (pigments, gomme arabique, talc et huile essentielle de clou de girofle), des pinceaux. J’ai acheté à FD une toile très épaisse que je badigeonne de colle vinylique et que je prépare pour faire 3 grandes fresques pour chacune des classes. Je suis seule pour 100 élèves ce qui m’inquiète un peu au début.
La nouvelle table à peindre est bienvenue car très pratique, pas besoin de passer des heures au nettoyage où à la préparation. En final nous la placerons dans la classe de Filiastre qui a les plus petits, ça semble l’intéresser. Je prends les enfants par groupes de 10, ils-elles travaillent à l’horizontal pour que chacun-e puisse avoir un bout de toile. Le thème est libre, mais je dois me battre pour que chacun fasse quelque chose de différent de son voisin. Mais le résultat est très satisfaisant. Les enfants s’éclatent c’est évident et c’est amusant de voir comment chacun aborde sa création suivant sa personnalité.
J’ai ensuite apporté du papier de couleur et nous avons réalisé des origamis de papillons, là aussi les enfants sont très attentifs et concentrés et je vois beaucoup d’entraide.

Lecture et livre

J’ai également profité de la présence de Hanta pour raconter des histoires à l’aide du petit théâtre japonnais kamishibaï en français qu’elle a traduit en malgache. Cela m’a permis de constater que les enfants avaient déjà eu accès aux histoires ce qui veut dire que les instituteurs se servent de ce matériel pédagogique.
Au sujet de la bibliothèque, nous avons retrouvé les livres dans un état lamentable. J’ai donc passé beaucoup de temps à les réparer. Il y a près de 80 livres en français et quelques uns en malgache. Nous avons donc fait un travail de sensibilisation sur les livres, leur fragilité, le trésor que constitue une bibliothèque pour une école surtout à Madagascar. Peu d’écoles ont cette chance.

Villages

Les week-end nous partons en vadrouille visiter les villages environnants. Nous ne voyons que peu de changement du niveau de vie dans les villages depuis notre dernière venue. Les parents nous reconnaissent et nous saluent, les enfants nous suivent le long des ruelles étroites composées de minuscules cases où vit toute la famille. Le paysage quant à lui a fait une plus belle place à l’agriculture vivrière.
Le village de Vatoroka s’est un peu étoffé de plusieurs cases neuves et plus cossues. Tsigasy a ouvert une case où l’on peut voir des film sur une TV, moyennant une petite somme.
A Itapera, nous trouvons le village toujours aussi pauvre et sale. Il y a un parc à zébus au milieu des habitations, beaucoup de fatapères (cuisinière à bois) sont encore dans les cases. Le village n’a toujours pas de puit. Par contre le village dispose désormais d’un dispensaire tenu par une sage femme ce qui permet à toute la presqu’île de pouvoir avoir un point médical.

Parrainages et ancien élèves

Pendant tout le séjour nous recevons la visite des anciens élèves dont certains sont devenus parents, c’est un plaisir de les voir adultes.
Nous organiserons une réunion avec les jeunes femmes qui veulent nous faire part de leur projet de monter une association afin de proposer aux touristes qui viennent dans la baie de Lokaro des repas de grillades de poissons et crevettes sur la plage. Elles pourraient également leur vendre leurs production de tressage de mahampy. Pour cela elles ont besoin de formations « cuisine », « tressage décoratif » et « couture ». Nous les mettrons en lien avec Maria qui est une allemande vivant à Fort-dauphin et qui finance des projets ponctuels, Larissa qui la connait bien se chargera de faire le lien.
Le jour de notre départ pour les vacances de Toussaint, Larissa nous rejoint à Lokaro profitant du véhicule 4X4, pour une réunion avec les étudiants parrainés (collégiens, lycéens et étudiants en écoles supérieures).

Mandromodromotra

Nous décidons de visiter le collège de Mandromodromotra, où sont scolarisés les collégien-nes et lycéen-nes de la presqu’île. Fulgence nous accompagne. Nous y allons à pieds, il faut 2h30 pour s’y rendre en passant par le village de Vatoroka. Nous traversons en pirogue le lac Mananivo puis la lande herbeuse où il reste encore quelques canaux de mangrove, puis le futur territoire de la mine expansionniste Rio Tinto, jusqu’à la bourgade. Le Collège a été rénové, mais la classe supplémentaire et le puits ne sont pas opérationnels car le maire n’a pas encore eu le temps de l’inaugurer. Les classes sont donc surchargées et les élèves comme les enseignants travaillent dans des conditions très dures. Nous reconnaissons certains élèves qui sont passés par zanaky-Lokaro. Le directeur nous fait visiter son établissement et nous présente aux élèves. C’est un homme très accueillant et affable, il nous montre sa pauvre bibliothèque et son logement d’une pièce.
Après avoir mangé dans une gargote, nous visitons des logements d’étudiants de Vatoroky, là aussi les conditions de vie sont misérables. Puis la dernière visite est faite au dispensaire avec l’infirmier qui s’en occupe, il nous reçoit sympathiquement.
Nous revenons un peu fatigués, et dire que chaque course pour les dossiers administratifs se fait à MMM à pieds !!

Vacances de Toussaint

Nous profiterons de la semaine de vacances de la Toussaint pour partir visiter la Réserve naturelle de Berenty une centaine de kilomètres plus au Sud dans la Région désertique de l’Androy. Nous sommes surpris par cette flore incroyable de cactées et d’euphorbes épineuses. C’est ici que sévit depuis plusieurs années une famine mais qui peut vivre dans une région si inhospitalière ?

Brunch avec les Partenaires

A Fort Dauphin, nous organisons une rencontre avec nos partenaires pour faire du lien et mieux travailler en équipe. (voir CR d’Anne-Marie).

Lizo

Nous rencontrons également Lizo qui est un jeune homme qui a fait un apprentissage de menuiserie parrainé. Il a été embauché par son employeur depuis qui est le mari de Maria. Nous sommes réciproquement très heureux de le voir, il nous a amené des cadeaux. Nous irons visiter le lendemain la menuiserie.

Au retour à Lokaro nous retrouvons nos activités. La dernière semaine nous travaillons avec Anne-Marie sur la rédaction de l’histoire de l’école.
Le temps s’écoule et déjà nous quittons les enfants et la presqu’île avec beaucoup d’émotion. Les enfants nous chantent les au revoirs en malgache « Veloma » et nous pleurons ensemble.

Retour

De retour à Fort-Dauphin Anne-Marie s’active avec Hanta à la gestion administrative et autres projets.

Quant à nous 2, nous partons 2 jours nous reposer dans le magnifique domaine de la Cascade à l’ouest de F-D.

Retour à Tana, Anne-Marie n’est pas très bien en nous ne bougeons pas trop en attendant notre retour chez nous.

Nous reviendrons bientôt à Lokaro c’est sûr, nous y avons laissé quelque chose.

Véronique