Compte-rendu sanitaire sur le séjour à Lokaro

Séjour déroulé en octobre 2011, sur une durée de trois semaines.

 

Généralités :

La prise de contact avec  la réalité sanitaire malgache, et l’état général de la population et des moyens mis en œuvre par le gouvernement incite à penser que la prévention reste la clé de voûte d’un projet sanitaire  sur Lokaro. Aussi, doit-on garder à l’esprit que la seule continuité de soin sérieuse et efficace à ce jour reste un programme de prévention détaillé ci-dessous qui viserait à « limiter la casse »parmi les enfants.

À ce jour, les venues ponctuelles de personnel de soin  n’autorisent pas  à avoir un programme beaucoup plus ambitieux.

 

Objectif n°1:

Recenser l’existant en matière de santé. Dispensaire, herboristerie, médecine traditionnelle et prise de contact avec les acteurs de santé.

 

Sur Lokaro, il existe un bâtiment dédié en cours de construction, mais le projet semble abandonné par le propriétaire des lieux.(M. Brechart).

Un médecin vient (Dr Abel) une fois par mois pour la prise en charge de la famille de Mr Brechart, au vu de l’état général de la population concerné, les médicaments ne sont pas fournies ou pas utilisé faute de présence ou d’argent. (À éclaircir).

À noter qu’une politique de contraception à été mise en place par le docteur Abel  chez les jeunes filles.

Les infrastructures en matière de santé sont fragiles sur la presqu’île.

Nous avons visité un centre de soin sur le village voisin (vingt KM) ,  des soins sont prodigués par un médecin (non rencontrés, car absent), les soins sont effectifs, les médicaments présents et semble adaptés (allopathie). La continuité de soins est chaotique est assujettie à  la présence du personnel médical et paramédical qui semble hasardeuse.

Les adultes et les enfants scolarisé ou non par Zanaky Lokaro, doivent pouvoir bénéficier de ses soins, mais nous ignorons les conditions d’attribution et le mode de prise en charge (coût etc.) de ce poste hospitalier avancé (à approfondir).

Nous n’avons pas rencontré de guérisseur toutefois présent à Itapera.

Nous rencontrons le docteur Myriam sur Fort Dauphin, elle semble disposée à venir tous les quinze jours le samedi (l’école est fermée ce jour et elle peut y exercer librement).

Elle est venue lors de notre séjour sur place. Elle a accepté notre proposition, et nous ses conditions financières.

Nous fournissons les médicaments.

Seuls, les enfants scolarisés pourront bénéficier des soins de Myriam, au vu de la durée des vacations.

Nous convenons d’une période d’essai jusque fin décembre de façon à ce que chacun se positionne et apprécie le service rendu.

Denis fera le lien au sein de l’association avec Myriam, via Internet.

 

 Elle devra donc, pour chaque venue :

  • Faire un compte-rendu adressé à Denis qui le répercutera.
  • Utiliser une fiche standard et nominative pour chaque enfant que nous élaborerons au retour.(Fait en cours de finition en collaboration avec Myriam)

Denis se charge d’approvisionner Myriam en traitement allopathique quand l’approvisionnement n’est pas possible sur place en regard des besoins de la population des enfants scolarisés par Zanaky Lokaro (le petit matériel chirurgical et les antibiotiques ainsi que les vermifuges semblent le plus indispensable).

Les missions de Myriam ont été définies en collaboration avec Anne-Marie, Myriam et Denis.

L’accent est  porté sur le travail de prévention et d’hygiène général qui demeure le traitement  le plus efficace et le moins coûteux.

 

Les thèmes prévention

  • Hygiène des mains
  • Hygiène corporelle et standard
  • Travail sur les modes de contamination (manu portée, MST, etc.…)
  • Ttt préventif vermifugeage tous les trois mois .
  • Travail d’information sur la contraception auprès des garçons et des filles.

 

Utilisation des médicaments

  • Les traitements médicamenteux utilisés le sont pour de courte durée et en égard à leur faisabilité en l’absence d’acteur de soins,( au risqué de devenir nuisible si les ttt ne sont pas contrôlées (ttt corticoïdes et antibiotiques notamment.)
  • Le bénéfice risque est du ressort de Myriam qui reste l’autorité médicale de ZL.
  • Une malle à Pharmacie a été crée et un inventaire a été fait avant mon départ.

Le coût évalué de l’opération tournera autour de 2000 euros annuels. Des membres de ZL métropole se proposent d’organiser des actions pour couvrir tout ou partie des frais engagés, et ne pas trop grever d’autres projets

Au total, l’objectif n°1 n’est que partiellement rempli, car il reste à apprécier sur la durée et, est dépendant de nos relations avec Myriam. Si, le travail devait bien se passer, nous pourrions passer à la deuxième phase.

Dans le futur, nous devrons envisager un lieu de soin dédié et sécurisé, Le problème du suivi des traitements et la continuité des soins de plaie reste entière.

Dans l’idéal, un infirmier compétent et une présence médical 2 fois par mois devraient régler l’essentiel des problèmes chroniques. Pour l’aigu, reste la ville voisine en dehors des présences médicales et infirmières éventuelles.

 

Question à se poser dans un premier temps :

  • Avons-nous les moyens financiers de faire perdurer le projet ? 
  • Avons-nous les moyens humains de faire ce projet à long terme : Médecin, infirmier malgache, soutien logistique, suivi approvisionnement, etc. ?
  • Est il envisageable de créer ou de mutualiser un lieu de soin dédié (construction déjà en cours à Lokaro ?).

 

Objectif n°2

Évaluer les besoins fondamentaux en matière de soin, de  prévention, de maintenance et de restauration.

 

  • I :Prévention :

La tache reste entière et immense, un travail a été accompli en ce sens sur les trois semaines, lavage des mains, comment éviter les contaminations, etc, lors d’atelier ludique de très haute qualité pédagogique.

À peu près 150 enfants ont été vus lors ce  séjour, Myriam dispose de données sur chacun d’entre eux, avec plusieurs critères basiques age taille, état nutritionnel, état cutané, dentaire, neurologique,, état infectieux, etc……..

 

Au total, pour faire simple,

A :

On dénombre au moins la moitié des enfants en état de carence nutritionnel sérieux, régime pauvre en protéines et légumes frais. Au moins  la moitié d’entre eux nécessiterait un programme de réalimentation sérieux seule vingt, les plus fragiles ont reçu un traitement  à la spiruline les suppléant en vitamine oligo-éléments et protéines. La mono diète reste une des pierres angulaires du mauvais état de santé général. La spiruline peut aider, mais ne peut se substituer à une nourriture variée et suffisante.

Projet :

– Continuer les cures de spiruline

-Potager collectif sur l’école est en projet (avec de nombreux écueils, voir montagne).

-Trouver un fournisseur de spiruline à Madagascar,

À noter que l’état sous nutritionnel chronique entraîne une certaine apathie, des retards mentaux parfois irréversibles., Et favorise la baisse des défenses immunitaires et leurs réponses.aux maladies et  agressions externes.

 

B :

L’état de saleté est généralisé, ceci est d’autant plus incompréensible que l’eau est abondante, même si la lessive reste chère.

Presque tous les enfants sont sales poussiéreux, et crasseux, les rhinites innombrables, les parasites sont légions, les villages sont confits et sales, la cuisine est souvent faite a même la case au feu de bois, les fumées favorisant les affections bronchiques nombreuses. L’état des pieds et des ongles est crépusculaires aggravées par la présence des puces de mer parach.

Les abcès dentaires sont fréquents, les caries, les mycoses buccales quasi systématiques.

 

Projet en cours et à venir :

  • Faire découvrir aux enfants les joies de la baignade et de la douche.(Fait mais  à continuer)
  • Faire un travail de prévention par le biais de Myriam sur l’hygiène à tous les enfants (cf. obj n°1)( en cours et défini avec Myriam).
  • Faire un travail de prévention auprès des instituteurs sur l’hygiène (fait et à refaire).
  • Systématiser le lavage des mains, avant les repas, après les toilettes et de rentrer en classe. ; (Instituteurs compris, Répéter, répéter, répéter).
  • Sensibiliser les enfants par des actions ludiques et répétés. (Voir théâtre Kamishibai).
  • Faire un vermifugeage systématique trimestriel pour les oxyures et, un plus important une fois par an,.(à pérenniser)
  • Le vermifuge age des enfants  des enfants est un acte majeur, programmé jusqu ‘en juin  2012. Fait lors du séjour, instituteurs compris.

Les résultats au niveau des diarrhées, rhinites, a été assez rapide voir spectaculaire au vu de la réponse thérapeutique des enfants exceptionnels.

Geneviève a fabriqué de la lessive et du savon avec de l’eau et des cendres,(on trouve pas moins cher) le produit a été utilisé (a  perenisse).

Le lavage des dents est inexistant (travail à faire).

Le problème des puces de mer est entier, invalidant des enfants au point d’avoir des difficultés à la marche, des surinfections aux pieds, des anémies et des insomnies chroniques à cause des démangeaisons.

Nous avons commencé un travail sur les sujets les plus atteints, certains ont bien récupéré, mais on doit compter au moins  quatre séances d’une heure minimum pour retirer les parasy. Une opération dans le futur doit être envisagé avec des gens compétents pour faire une opération d’éradication complète. Pour l’un d’entre eux, un parage chirurgical semble nécessaire. Nous évaluerons sa faisabilité avec Myriam.

Il serait plus profitable pour tous de repérer et d’éliminer les parasites à la base, une bonne hygiène et le port de chaussures limitent les infestations, ainsi qu’un contrôle quasi  quotidiens, beaucoup d’enfants n’en ont pas, on peut donc supposer que l’on peut ne pas arriver à des extrêmes insupportables pour les enfants. La prévention toujours.

Denis, se propose de faire des recherches avec l’aide de médecins spécialisée en maladie tropicale à la recherche d’un traitement efficace contre ses parasites.

 

• II restauration

 

Un nombre assez important de soin a été effectué durant tout le séjour, les médicaments ont été en suffisance, le matériel aussi.

L’essentiel a été fait sur des plaies infectées, des bronchites, des infections Orl, des algies dentaires, et autres syndromes grippaux.(Fin de l’hiver, vent permanent, absence de vêtements adaptés).

Étant seul, pour effectuer les soins, l’aide à la traduction de Filiastre , Dieudonné et parfois des instits ont été nécessaires.

La vigilance sur les identités doit être permanente car les prénoms changent comme les ages,  les informations sont parfois très fantaisistes, comme les traductions.

D’une manière plus générale, après cette première expérience, je construirais les choses de la même façon avec deux infirmiers de plus pour pouvoir travailler, un sur les plaies, un sur la prévention, et un sur l’organisation et les consultations.

Cela permettrait de  faire en trois semaines une remise à plat de toutes les affections des enfants, et de se donner du temps pour faire concrètement des actes de prévention.

Les médicaments, en fait, ne sont que très peu nécessaires, à part quelques antibiothérapies quelques antalgiques et pommade antifongique.

La réponse au traitement est assez incroyable par rapport aux occidentaux, pas de pollution médicamenteuse ! cela doit nous limiter dans la distribution de médicaments à quelques cas assez rares somme toute.(Infection sévère,   bronchospasme, antibiolocaux sur plaie infectée.

Le petit matériel chirurgical, curette, bandes, etc, sont plus intéressant, les pansements hydrocolloides sont très efficaces.

À noter, que les médicaments ne peuvent être délivrés dans la plupart des cas que  ponctuellement et au coup par coup le suivi des parents est souvent épisodique, sans prise de conscience de sa nécessité, le rendant inefficace voir dangereux. Ceci renvoie  à l’objectif et à la nécessité de la continuité des soins par des gens compétents.

Conclusion 

J’espère avoir par ce petit rapport donné au néophyte un tableau  exhaustif de la réalité et des besoins ressentis à Lokaro en matière de soin.

Des objectifs sont en cours d’élaboration, certains ont bien avancés, d’autres ne verront peut-être jamais le jour.

Ce qu’il faut retenir, c’est qu’il faut se fixer des objectifs réalistes, liés au terrain, à la taille de Zanaky Lokaro, c’est pourquoi le terrain de la prévention me semble le plus adapté, saupoudré, pour l’instant d’intervention de personnel de santé.

Je garde un souvenir ému, de chaque enfant, de mes amies accompagnant et tire mon chapeau par tout le travail accompli en amont de notre venue.

Pour ma part, je compte bien revenir, et surtout continuer à m’investir sur place ou non, en remontant et en pérennisant  le projet sanitaire.

Malgré toutes ses souffrances, le monde reste beau, le sourire des enfants au décours du séjour en est la preuve formelle.

Merci à vous.

Denis Bianchi