Le 29 juin 2010,
Voici un point et un début d’analyse sur l’association et ses actions qui pourraient être la base d’une reflexion que nous
désirons partager et enrichir
1 – LE PROJET
A la demande de Jean Mbola l’ancien du village, l’Association Zanaky Lokaro se propose de construire et gérer une école primaire au village de
Lokaro. Notre association est reliée aux Réseaux « Terre et Humanisme » et « Oasis en tous lieux ». Nous avons adopté la charte des Oasis à laquelle nous avons rajouté 4 points qui nous ont paru
essentiels :
1/ être et rester dans une attitude éthique vis à vis de tous les partenaires engagés dans cette action ;
2/ participer bénévolement à l’action ce qui implique pour chacun d’assumer entièrement ses frais de mission tant pour le transport que pour le
séjour ;
3/ affirmer et concrétiser que les sommes versées par les adhérents et sympathisants ne sont destinées qu’à la construction et la gestion de
l’école-oasis de Lokaro
4/ rester conscients que notre action est une œuvre d’humanisme dans le sens de la fraternité entre les peuples qui implique autonomie, respect et
partage.
2 – NOTRE ENGAGEMENT
• Construire une école primaire et y adjoindre un potager scolaire.
• Financer les salaires des enseignants et les matériels scolaires pour les enfants scolarisés.
• Apporter une aide pédagogique.
3 – LA REALITE
Notre association aura 5 ans à la fin de l’année. L’école tourne depuis février 2008. Cette année 85 enfants ont été scolarisés. Seulement 3 niveaux
sont ouverts dans un seul bâtiment existant avec 2 classes et 2 enseignants. Le potager scolaire est à l’état embryonnaire.
Les moyens financiers sont là : nous avons réussi à trouver suffisamment de donateurs pour des versements mensuels réguliers qui couvrent les
charges fixes. Les autres dons couvrent les investissements que nous faisons au fur et à mesure de nos possibilités et sans aller trop vite…
Différentes problématiques se posent :
• Comment accompagner un projet de loin ?
• Quelle présence et quel rythme de visites adopter ?
• Comment répondre à une demande d’aide qui ne sait pas se formuler ?
• Comment, en aidant, rester dans une coopération qui respecte les personnes impliquées localement ?
• Comment aider les enfants avec des adultes (parents et enseignants) qui ne sont pas eux-mêmes dans une démarche de respect de l’enfant ?
• Comment être cohérents avec la valeur d’autonomie que nous portons : amener les personnes à être maîtres de leur destin individuel et
collectif.
Je me propose de faire le point de cette action et je vous engage à mener une réflexion commune et chacun de nous à la lecture de ce texte :
qu’est-ce que je ressens lorsque je prends connaissance de ce texte ? quelles sont les questions qui me viennent et dont j’aimerais parler ? Nous ferons une rencontre en septembre pour mettre
ensemble le résultat de nos réflexions individuelles… Il me semble important que nous soyons en permanence en réflexion par rapport à nos intentions pour ce projet et aux valeurs que nous
désirons garder vivantes dans l’action :
• autonomie individuelle et collective ;
• bienveillance envers tout le vivant ;
• partage/échange avec les plus démunis ;
• humilité dans l’action.
La première démarche a été de répondre à la demande exprimée parce que nous ne nous satisfaisons pas du monde tel qu’il est. Pour nous aider à
analyser notre démarche : pour l’homme 3 issues :
• ignorance/oubli ;
• révolte ouverte ;
• sublimation/transcendance : je partage avec les plus démunis, je fais le colibri, j’apporte ma goutte d’eau…
Voilà donc quelques pistes de réflexion :
• répondre à une première demande exprimée ;
• agir auprès des enfants pour semer des graines d’espoir ;
• se sentir Humain parce que nous tendons la main à l’autre ; • donner ce que nous avons à donner ;
• recevoir ce qui nous maintient dans une Humanité véritable parce que plus personne ne peut ignorer que les nantis le sont au détriment des plus
pauvres ;
Les différentes problématiques qui ont été énoncées plus haut nous demandent de vraiment être dans une attitude d’humilité dans cet agir que nous
entreprenons vis-à-vis des enfants de Lokaro. La transcendance que nous avons évoquée je la trouve dans l’écoute attentive de ce qui émerge au niveau des véritables besoins. Les écueils sont
nombreux pour un occidental nanti… Les principaux points à travailler avant de participer :
• nous ne sommes pas les sauveurs ;
• le matériel dont nous avons un besoin (?) si grand est presque toujours source de déséquilibre dans cette société totalement dépourvue de
l’essentiel ;
• le temps n’a pas la même mesure pour eux que pour nous ; l’espace est infini et c’est là que je peux les rejoindre…
Je voudrais vous faire part de mon expérience personnelle dans cette action. Chacun de ceux et celles qui y ont participé peut aussi donner son
témoignage.
Ce que j’ai reçu :
• Beaucoup de sourires d’enfants ;
• Un goût prononcé pour chaque instant qui passe dans le « mora-mora » ;
• Une patience infinie pour accueillir ce qui vient ;
• Une adaptation au rythme de la nature et des gestes essentiels d’une vie simple ;
• Un constat que notre « matériel » est souvent un encombrement ;
• Et bien plus encore !
Chacun de mes passages là-bas est initiatique dans le sens où il m’amène à me questionner sur moi-même dans la relation que j’entretiens avec
chacun.
Ce qui me préoccupe :
• La place insignifiante laissée à l’enfant dans des méthodes éducatives vieillottes et périmées ;
• Le nécessaire contact avec les adultes impliqués (parents-enseignants ou autres) et qui sont écartelés entre une tradition qui ne peut plus
fonctionner et un monde moderne auquel ils ont partiellement accès ;
Les grandes espérances :
• le projet potager scolaire qui se met en place avec la participation de deux intervenants agriculteurs ;
• l’idée de créer une véritable coopérative d’enfants : lieu d’échange, d’expression… avec un intervenant malgache qui serait notre lien en dehors
des personnes impliquées sur place dans le village (à débattre).
Cette base sera complétée au fur et à mesure des inspirations et des écrits que j’aurai le temps de produire. Je vous la livre afin qu’elle puisse
s’alimenter de vos suggestions, réflexions…
Le 29 juin 2010
Anne-Marie MIGNET