Compte-Rendu de Mission après incendie de Mars 2017
Mission consoler, rassurer, préparer la suite
d’Anne-Marie Mignet, Chantal Barrau et Tyfène Cavier
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sommaire :
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CR MISSION D’URGENCE du 20 février au 5 mars 2017 par Anne-Marie MIGNET
MES OBJECTIFS :
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CONSOLER
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PREPARER LA SUITE
AIR MAD nous a « volé » 24 heures de notre séjour à l’aller. Au lieu d’un transit d’une nuit nous en avons eu 2 ! Arrivées à Fort-Dauphin le mercredi 22 nous avons réussi à garder notre départ pour Lokaro le jeudi 23… Nous avions 120 kg de bagages : ballons de foot (6) et pompe, peintures, colle, pinceaux variés, papiers divers pour les ateliers de Tyfène C., perles, tee-shirts neufs (c’est le cadeau que nous avions choisi d’apporter aux enfants), quelques livres et jeux offerts pour la plupart par les petites filles de Chantal B. et diverses petites choses : bracelets, élastiques, culottes et caleçons qui ont eu presque autant de succès que les ballons… Nous n’avons pas eu assez de temps pour trouver les 3 arbres que nous voulions planter pour le symbole de la renaissance (jaquier, arbre à pain et mourongue).
Nous sommes hébergées dans le bungalow près de la mer que Mr Bréchard a bien voulu mettre à notre disposition. Ce qui nous facilite la vie pour cette mission de courte durée. Qu’il en soit remercié. Patrick que nous avons embauché comme interprète, pour la conduite des ateliers et des entretiens a partagé l’espace du fils de Gervais qui était à Lokaro à ce moment-là. Le dîner nous a été offert par la famille de Valéry ce qui nous a permis de nous installer tranquillement avant la nuit. Merci à Patricia c’était succulent…
La visite du site où était l’école m’a remué les tripes… un cimetière ! L’espace a été nettoyé il ne reste que quelques rares charbons de bois noirci… un « mausolée » a été installé près des rochers au fond avec tout ce qui a été ramassé, entouré par une jolie barrière en bois rond (voir photos de Chantal B.)… je suis touchée par ça… on n’oublie pas !
Le lendemain, je suis malade : crise d’arthrose ! Tiens donc ! Je souffre de tout mon corps !
Le soir nous faisons le planning des ateliers avec les enseignants.
PREMIERE ETAPE : CONSOLER
Vendredi matin : les enseignants
Nous en avons oublié d’aller saluer les enfants avant l’entrée en classe et les enseignants ne sont pas venus nous chercher : il n’y a plus de sifflet pour le rappel de l’heure… Heureusement que nous avons prévu de passer la matinée du samedi avec eux !
Je reçois les enseignants chacun leur tour afin qu’ils se sentent libres pour tout exprimer (environ 1 heure chacun). Je les laisse parler en intervenant le moins possible. Les points importants à retenir :
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Valéry est encore très traumatisé par ce qu’il a vu : il a assisté à toute la scène impuissant… il a essayé de sauver quelques meubles… ça a duré 3 heures… à 21 heures 30 TOUT ETAIT CONSUME…
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Nazotoa parle des nouvelles conditions de vie et de travail qui sont difficiles. Il est content qu’à cette occasion il soit maintenant hébergé à Vatoroka. Il a été bien accueilli par les villageois.
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Narcisse s’est personnellement investi avec les parents d’élèves pour aller récolter les matériaux nécessaires à construction des abris provisoires dans la forêt, afin dit-il de lancer la dynamique de l’action. Son logement sert de salle de classe pour les petits dans la journée.
Tous m’ont parlé de beaucoup de difficultés dans les conditions actuelles et de besoin de courage. Je n’ai pas eu le temps de recevoir Fliastre. Il m’a exprimé qu’il était très content de travailler à l’école Zanaky Lokaro (avec un sourire jusqu’aux oreilles!).
Vendredi après-midi : réunion de parents d’élèves
Ils sont tous là et les grands de l’école aussi… Je suis contente de constater que ce soit maintenant entré dans les mœurs que les élèves soient présents pour entendre ce que disent leurs parents et pour avoir la possibilité de s’exprimer s’ils le veulent…
Nous sommes entassés dans un des 2 abris : nous faisons l’expérience du lieu, il y fait très chaud !
Les points forts de cette rencontre :
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Mr Jean exprime sont désir d’être personnellement informé des évènements importants de l’école : réunions ou autre… c’est à cette condition qu’il gardera sa fonction de « Président »… il rappelle l’origine de l’école et sa parole à ce moment-là (que nous avons dans le film).
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Echanges sur la construction de la future nouvelle école. Mr SAOTSY élu représentant est porte-parole. Mr ALBERSON d’Itapera n’a pas pu venir.Nous parlons de la proposition qu’ils nous ont transmise : un seul bâtiment en 3 classes tout en pierres. Je leur présente la nôtre : 2 bâtiments en semi-dur avec un mur de 1m20 et le reste en matériaux locaux. Je fais un schéma au tableau et je fais circuler les plans et dessins de Véronique B. Les enfants retrouvent « la banane » aussitôt !
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Ils semblent accepter l’idée du demi-mur mais le traumatisme de l’incendie est encore puissant : ils négocient, ils ne veulent ni vakakys, ni ratys…
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Je leur rappelle que leurs habitations sont construites comme ça et qu’ils ne vont pas les refaire parce que l’école a brûlé : ça les fait sourire ! Ces matériaux sont sur place, très résistants et surtout ils peuvent entretenir l’école…
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Je ne suis pas sûre de les avoir convaincus….
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Ils sont tous très contents que nous soyons revenus car ils ont eu très peur que ce soit la fin de l’école Zanaky Lokaro
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Ils nous font confiance
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Ils sont prêts pour aider à la reconstruction
Samedi matin : ateliers spontanés avec les enfants
Nous avions demandé aux enseignants de faire la proposition aux enfants pour ces ateliers du samedi matin sachant qu’il n’y a pas classe normalement le samedi. Ils ont tous répondu « PRESENTS »
C’était si chouette de les revoir tous. Ils sont très gais.
Nous faisons 2 ateliers en alternance :
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perles : Tyfène C. et Patrick
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livres et jeux : Chantal B. et Anne-Marie M.
Les enfants sont hyper participatifs… je dirais comme d’habitude mais avec un petit quelque chose en plus, il me semble…. Avant de s’installer Tyfène C. leur apprend une chanson et en quelques minutes le chœur est là… De la gaieté, des sourires à profusion ! Nous sommes comblées ! Nouveaux jeux, nouveaux livres : c’est la découverte ! Je suis épatée par le niveau de lecture en français de Lila le petit frère de Lizo et Bertrine. Tous les livres que nous avons apportés sont évidemment en français… Lila est particulièrement triste…
La pompe pour les ballons n’est découverte que l’après-midi au fond de nos bagages : dommage ils auraient bien fait une récréation « football ». Du coup, ce sont les grands, enseignants compris (Valéry et Nazotoa) qui occupent le terrain de foot et se défoulent…
Quelques parents nous rendent visite et nous apportent des cadeaux : noix de coco et objets en mahampy… Chantal B. est particulièrement gâtée : ils sont très contents qu’elle ne les ai pas oubliés.
Nous nous échappons un moment pour une baignade à l’Ilot Ste Claire.
DEUXIEME ETAPE : PREPARER LA SUITE
Dimanche : visite de Mr ROBINEAU, l’entrepreneur français que j’ai sollicité pour un devis (pas encore finalisé) il voulait voir le site. Valéry est avec moi. Il est d’accord pour être le référent sur place… il propose que la disposition des bâtiments soit modifiée pour garder le terrain de foot. Le bâtiment d’une classe + infirmerie serait mieux placé à gauche du grand bâtiment de 2 classes… Je crois que nous pouvons leur concéder cette modification.
Je repars sur Fort/Dauphin avec Mr Robineau.
Il me reste 5 jours pour tout le reste.
Lundi – Mardi – Mercredi – Jeudi
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Un point important avec Prisca sur tout ce qui a été fait et reste à faire. L’urgence de l’incendie lui a fait « oublier » la transmission des documents aux parrains/marraines : nous nous y attelons.
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Diverses demandes de devis à Mr Lucien notre menuisier de Fort-Dauphin dont des ardoises à découper dans du contre-plaqué afin que les enfants puissent poser leurs cahiers dessus comme des bureaux portables. Ils pourront évidemment s’en servir aussi comme ardoises. Celles qui ont été achetées en urgence ne sont pas solides et trop petites. J’achète de l’ardoisine et les enfants se feront un plaisir de peindre ces nouvelles ardoises.
- Rencontre avec Mr GUY ROBERT l’entrepreneur malgache qui nous a fourni son devis servant de base de chiffrage pour lancer le crowdfunding. Il me fait bonne impression. Il parle très bien le français donc nous nous comprenons. Il est dynamique. Son devis me paraît sous-évalué. Je lui demande quelle marge d’erreur il s’accorde. Il me répond « aucune ». Comment va-t-il gérer l’hébergement et la nourriture des travailleurs le temps du chantier ? Il s’en occupe. Il envisagerait un transport des matériaux par la mer avec des pirogues. Est-ce possible ? Il me dit l’avoir déjà fait.
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Rencontre avec Mr ROBINEAU : Il prend le temps de bien préparer son devis. Il me dit que Fort-Dauphin manque cruellement de bois en ce moment d’où la difficulté pour la construction de la charpente. Aucun des ateliers/bois de Fort-Dauphin n’est intéressé par le projet… il envisagerait de faire fabriquer la charpente à Fianarantsoa (transport 2 000 euros). Tous les autres matériaux seront commandés directement à Tananarive où les matériaux sont beaucoup moins chers qu’à Fort-Dauphin même avec le coût du transport en plus. Il compte surévaluer son devis pour ne pas avoir de mauvaises surprises et nous remboursera le trop perçu si besoin. Nous attendons : les pluies qui ravagent Madagascar en ce moment bloquent tout avancement dans les projets. Il est donc sage de ne pas prévoir le chantier avant la fin de la saison des pluies. Tous les deux me donnent un délai d’environ 2 mois pour la réalisation du chantier ce qui nous permet d’espérer avoir la nouvelle école pour la rentrée prochaine.
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Rencontre avec Mr SCHOUMACHER consul honoraire de France à Fort-Dauphin. Il est très touché par notre aventure et c’est un humaniste. Il nous propose de lui envoyer notre projet pour le transmettre à l’Ambassade de France pour une éventuelle participation financière. Il ne me donne pas de faux espoirs : il y a de moins en moins d’argent disponible mais on peut essayer. Il me rappelle qu’il est là pour nous aider dans d’autres domaines si besoin. Je lui parle des entrepreneurs et des devis : il veut bien nous donner son avis pour nous aider à choisir. Il connaît bien Raymonde Grayon notre trésorière qui s’occupe du service social du Consulat de Fort-Dauphin.
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J’ai rencontré le Dr Myriam 2 fois : elle n’est pas retournée à Lokaro depuis sa dernière visite avant les vacances de Noël… Elle a, dit-elle, du mal à se décider. Elle craint l’émotion que va lui renvoyer le nouveau paysage. Je lui demande d’inscrire une visite en urgence car les enfants ont besoin d’elle et les enseignants aussi d’ailleurs. Elle programme un voyage pour le vendredi 11 mars (qui n’a pas pu se faire, Madagascar étant sous les pluies torrentielles d’ENOWA) mais s’est fait le vendredi suivant.
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Sylviane qui a travaillé avec nous sur le projet « environnement » a chez elle les 3 arbres que nous voulions planter. Je lui demande de les soigner chez elle et nous les planterons pour fêter la nouvelle école à la prochaine rentrée.
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Ce n’est que le samedi soir que je vois Raymonde G. qui rentre d’un voyage au Malawi pour visiter son fils et son petit-fils. Les 2 mamies (Chantal B. et elle) se montrent les photos de leurs petits-enfants… place à la tendresse.
Je m’accorde une journée – le vendredi – de repos avant notre départ. Chantal et Tyfène sont rentrées de Lokaro à pied la veille. Fin de la mission. Je suis satisfaite de ce court séjour. Il n’y avait pas besoin de plus. Il faudra peut-être envisager d’y aller de nouveau pendant la construction. Dès maintenant il serait bon de nous mobiliser pour savoir si des disponibilités existent parmi nous en sachant qu’il est nécessaire d’avoir quelques compétences pour un suivi de chantier.
Cette mission malgré l’émotion suscitée par la vision du paysage sans l’école, m’a permis de faire le deuil et d’entrer dans un futur d’espérance.
Merci à tous ceux qui vont nous permettre de concrétiser dans la matière ce qui est là dans l’invisible mais tangible : des enfants qui ont soif d’apprendre !
Anne-Marie MIGNET
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Compte-rendu de mission de Tyfène
Ateliers « art thérapie » mission d’urgence, 6h de travail par classe réparties sur 3 journées, dans les abris, sur les nattes, à l’étroit, accompagné d’une douce pluie et de grandes émotions !
Lors de mon très court séjour j’ai offert aux enfants et aussi aux enseignants la possibilité d’exprimer par la peinture et le collage le vécu passé d’une école magnifique, la vue du feu, les flammes, les cendres et l’avenir avec une nouvelle école pleine de couleurs, d’arbres, de ballons, et beaucoup d’enfants !
L’objectif de ma mission d’urgence étant basé sur la « reconstruction du tout » j’ai exprimé avec ma joie le fait de « faire ensemble, de s’entraider » tel le Colibri (histoire que j’ai raconter à Nazotoa pour qu’il la traduise et la raconte aux enfants). Pour les couleurs on a fait beaucoup de mélanges dans les coquilles de grosses moules (nos godets!!!) ils ont adoré 1,2,3 couleurs on mélange et tout change ! Nous avons utilisé de la matière végétale tel que le charbon de bois pour les cendres…. la fibre coco découpée pour faire les troncs et les coco, des fleurs, des feuilles, des plumes, et l’énergie créative.
Je les ai invité à s’exprimer en Français Malgache/ Malgache Français, le feu, les flammes, l’incendie, la nouvelle école, c’est beau, c’est beau la vie, les couleurs…..
Ils ont beaucoup aimé, la joie était de mise !
Je remercie chaleureusement les enfants et les enseignants qui ont mis du cœur à l’ouvrage !
Les résultats sont magnifiques : tout autant qu’eux !
Misaotra betsaka!
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Compte-rendu de mission de Chantal
Mission de février mars 2017
Les habitants(tes) aiment rire, être joyeux, j'ai fait des interviews avec M. Valéry, M. Jean et M. Gervais et des femmes Florentine, Olivinette, Edwige, Viviane, Helenette, Zafline, Memette.
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CouvertureDes femmes heureuses de raconter mais n'ont pas livré d'autres émotions que le choc et la tristesse. Ce n est pas coutumier de livrer ses sentiments.
Certains pensaient que nous ne reviendrions pas avec un étrange sentiment de culpabilité, comme si ils n'avaient pas su garder ce qu'on leur avait confié.
Les enfants demandent où ils iront étudier, ils aiment apprendre et le maître leur fait prendre conscience de la chance de ne pas payer d "écolage " comme dans les autres écoles.
Le Skype avec les parents d'élèves les a rassuré. Voir Véro et Denis leur ont fait du bien unanimement. Anne Marie était si triste, pas habituelle.
Edwige a pensé que tout était fini pour les enfants plus d'école. Elle se cache le visage dans les mains. Couverture
Les instits sont présents et actifs dans les décisions à prendre .les T4 et T5 s'investissent dans les plans pour la nouvelle construction. Est ce dû à leur état d'esprit. La vie continue. Les abris prennent l'eau, on improvise. Mr Jean propose de faire réparer le toit et s'il le faut il participera à l'achat des raty. Couverture
Les SMS envoyés aux instituteurs les ont rassures et boostes.
Dans les dessins de l'école avant l'incendie sont très colorés riches en détails floraux, animaliers, le soleil est présent rouge ou jaune, l'incendie est rouge et noir mais on voit aussi la mer et le vert des végétaux. Couverture
Les t4 et T5 ont fait du beau travail de reconstruction.
CouverturePour notre dernier jour à Lokaro nous avons offert un goûter riz au lait avec des raisins secs et du miel. C'est nouveau et ne correspond pas à leur goût du riz.
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Ensuite Patrick (interprète)a lu en malgache une historiette sur l école qui a brûlé. Bcp de succès . J'ai demandé à Valéry s'il voulait bien la continuer selon les évènements de la reconstruction.
Et en final tombola. Les lots étaient culottes de filles, caleçons et bracelets. (Nous n'avions pas assez de sous vêtements) SUCCÈS TOTAL .
Voila les amis ce que j'ai ressenti à travers mes rencontres. Je vous joins l'historiette écrite avec Patrick et Tiphaine. A très bientôt pour d'autres échanges.
Chantal
PETITE CONTINE
A Lokaro un village malgache, le feu mangea notre petite école. Le vent complice l’aida a embraser le bâtiment. Tout le monde était triste. Les Boeing faisaient des ronds dans le ciel au-dessus du village, les oiseaux cherchaient le toit où ils aimaient se percher, les crabes chagrinés n’entendaient plus les enfants chanter et jouer au ballon. Que faire ? Il faut que les enfants étudient ! Dans un bel élan de solidarité les parents décident de faire des ABRIS. Zi Zi Zi Chante la scie, Pan Pan Pan répond le marteau, tchic tchic tchic fait le ciseau. Les spectateurs voient naître les ABRIS, on chante on danse, on rit, les parents d’élèves sont ravis d’avoir réussi la construction.
Mission Mars 2017
Peintures et dessins art-thérapie