Après une longue gestation voici enfin le CR de notre AG 2015 veuillez nous excusez du retard.
Assemblée Générale – bilan 2014-2015
week end des 5 et 6 septembre 2015 Hameau de Cousses dans l’Hérault
Samedi 5 septembre
Membres présent(e)s :
Bernardot Vince, BIANCHI Véronique et Denis, Boissée Mathieu, Braux Odile, Chauveau Geneviève et Marco, Chauveau Marcelle, Chauveau Claude et Josiane, Culier Stéphanie, Cyrille Lucile, Dinard Thierry, Grayon Raymonde, GRZESAK Geneviève, Houlez Catherine, Le Deun Elisabeth, Mas Marielle, Meignant Cécile, Mignet Anne-Marie, Mignet Mariette, Musard Rémi et Roseline, Philidet Françoise, Platret Marc, Ranjamino Fara, Roux Jean-François, Salvo Maryse, Trichet Patrick.
Introduction de la Présidente qui remercie tous les participants à cette AG d’avoir permis cette rencontre pour les 10 ans de l’Association Zanaky Lokaro.
Véronique annonce ouverte la séance et nous invite à nous reporter au programme distribué. La clôture de l’AG aura lieu à 13H dimanche.
Marc est modérateur donne la parole à Anne-Marie.
Cette année les élèves de T4 ont passé le CEPE sans effectuer de T5.
Deux ex élèves de ZL ont passé le BEPC mais ne l’ont pas eu.
R : on s’est posé la question du nombre de grands ados en fin de cycle et on s’est demandé pourquoi. Les instits font volontiers redoubler mais on a élaboré de nouveaux statuts avec des limites d’âge. Avant, certains élèves passaient trois années dans le même niveau mais maintenant, on n’aura plus le droit à plus de deux redoublements par cycle.
AM : les enfants arrivent à l’école à 6 ans mais s’ils redoublent chaque année, ils en sortent à 15 ans, ce qui est trop tard et pose des pbs pédagogiques.
A Lokaro, les instits sont très réfractaires au changement de leurs habitudes. A St Pons (dans l’Hérault), c’est pareil !!, il faut donc donner des recettes clé en mains.
On ne sait toujours pas si la langue d’enseignement à Mada est le Malgache ou le Français.
Exposé du projet de Mathieu et Thierry qui, après leur rencontre avec Marco Marmorat dans une école de commerce, montent un projet d’électrification du site de Lokaro et vont récolter les fonds (budget de 8000 euros environ). Ils seront 5 à 6 à porter ce projet.
Question : des gens vont-ils être formés sur place à l’entretien de tout ce réseau ? Les porteurs du projet comptent se rendre à Lokaro en septembre, ils serait bien que quelqu’un de l’association les accompagne.
Comme le Dr Myriam va nous quitter, on n’aura plus de médecin sur place mais Valery prendra le relais et il lui faudra libérer du temps en le suppléant en classe.
Roselyne parle de quatre parents d’élèves bien informés au plan médical, sur l’hygiène et la prévention.
Denis pense que ce n’est pas à l’école de dispenser à toute la presqu’île une formation sanitaire, notre objectif étant les enfants de l’école.
Une demande des élèves : se laver de façon autonome. On a essayé de mettre en place des séances de douche et de shampoing avec de plus en plus de demandes des élèves.
Roselyne constate que sur cette presqu’île, il n’y a aucun endroit pour se laver en toute intimité.
Toute toilette se fait au vu de tous ! L’idée serait de remonter l’eau à proximité de l’école afin de permettre aux élèves de se doucher.
Point + = une dizaine d’arbres a été plantée au niveau de l’école et une centaine d’arbres plantée près des cases. Le bilan aujourd’hui est certainement inférieur aux prévisions. Personne n’a été formé sur place pour soigner les arbres et pas de référent sur place. On a constaté que Sylviane manquait des compétences requises pour entretenir les plantations et il a été décidé de suspendre provisoirement à ce projet.
L’objectif, à présent, serait de former nos élèves en les emmenant dans des pépinières environnantes et en leur permettant de voir des maraîchers au travail.
L’électrification de l’école est prévue en juin 2016 mais dépendra du nombre de participants au projet.
Projet de création d’un livre de contes avec l’association Dodovole, en français et en malgache. Ce sont de très beaux livres, très lourds mais le pb qui se pose est le transport de 90 livres de France à Fort Do et l’investissement initial de 3000 euros ! Nous décidons de reflechir encore sur ce projet très lourd.
Fara reparle du carnet de rencontres destiné à faire le lien entre les populations de Lokaro et les bénévoles de l’Association. On construira le livres avec beaucoup de dessins et d’illustrations et on le traduira en malgache.
On constate que les parents sont de plus en plus concernés par ce qui se passe à l’école et ils s’investissent de diverses manières.
Au début, les réunions de parents d’élèves se faisaient avec les papas car on s’occupait surtout de l’extérieur de l’école mais progressivement, elles sont devenues le pré carré des mamans.
On n’a toujours pas la pirogue qui a été commandée mais pas payée. Ce sont les instituteurs qui gèrent…Pbs des déplacements en 4/4 car la piste est de plus en plus catastrophique : on met 4H30 pour couvrir les 35 kms de Fort Do à Lokaro. Les instits ont demandé un vélo et on le leur a promis à condition qu’ils s’engagent au moins trois ans avec nous. L’asso paye l’apport initial et eux remboursent avec un micro crédit.
Le local-bureau est opérationnel à Fort Dauphin ainsi que Prisca, la secrétaire, et M.Marcel, le comptable.
Il faudrait redynamiser le groupe de la Réunion.
Les parrainages restent lourds à gérer. Ce sont les familles des enfants qui reçoivent les 15€ mensuels et les redistribuent ensuite aux familles d’accueil. Pour chaques enfants parrainés les liens avec les parrains et marraines sont au moins aussi importants que l’argent qu’on envoie.
Véro demande aux parrains et marraines que le paiement soit effectué en totalité sur 10 mois, dès la rentrée scolaire d’octobre, soit mensualisépour alléger la gestion.
Véro demande que les gens s’informent de la vie de l’association sur le blog, car elle prends le temps de le mettre à jour. Il faut essayer de plus en plus de communiquer les infos générales par mail car c’est pratique et économique. Attention de communiquer les changement de mail. Il faut refaire des opérations de pub, passer le film, parler de l’Asso autour de nous pour susciter des intérêts et des adhésions.
Mariette : demande-t-on la même sommes aux sponsors pour la pérénisation du bureau de Fort Do ? R. nous allons faire un dossier d’évaluation des besoins et préparer le dossier de demande.
Vote de l’aceptation du bilan 2014/2015/projet 2015-2016 :
11 procurations à ajouter aux 26 votes des présents (à l’unanimité).
L’économie malgache est en très mauvais état, le dernier taux de change consulté étant de 3700 ariarys pour 1€.
Vote du Compte de résultat OUI à unanimité pour + les 11 procurations.
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Dimanche 6 septembre
9H20, début de séance
Membres présent(e)s :
Bianchi Véronique et Denis, Braux Odile, Chauveau Geneviève et Marco, Chauveau Marcelle, Chauveau Claude et Josiane, Culier Stéphanie, Grayon Raymonde, Grzesak Geneviève, Houlez Catherine, Le Deun Elisabeth, Mas Marielle, Mignet Anne-Marie, Mignet Mariette, Grzesak Roseline, Philidet Françoise, Platret Marc, Ranjamino Fara, Roux Jean-François, Salvo Maryse, Trichet Patrick.
Présentation mutuelle et compte rendu rapide de la journée d’hier pour Raymonde qui est arrivée ce matin.
Témoignages de personnes qui sont allées à Lokaro cette année 2014-2015, sauf Sylviane qui est à la Réunion.
Raymonde : toute ma famille est originaire de Fort Dauphin. J’ai vécu là-bas jusqu’à l’âge de 20 ans. Je me suis mariée et j’ai eu deux fils. J’ai passé 40 ans en France et je suis revenue à Fort Dauphin où j’habite actuellement. Anne-Marie précise que la présence de Raymonde a été très importante pour l’Association car elle a assumé la comptabilité avec elle pendant très longtemps. Et elle a accueilli nombre d’adhérents dans sa maison assortie d’un bungalow rez de jardin très confortable.
Denis : 3e mission à Lokaro que j’ai vécue comme une « parenthèse enchantée », des moments de joie de se retrouver avec un groupe au relationnel très riche, la découverte de nouveaux aspects de la vie de l’île. Au début centré sur l’école, j’ai découvert les alentours mais les relations avec les adultes ne sont pas faciles en raison de la barrière de la langue. Dans le vécu, c’est ce qui est difficile c’est le positionnement théorique, les idées reçues et ,avec les adultes, les situations sont souvent compliquées, impression que je n’ai pas avec les enfants.
Les seuls moments difficiles : une querelle de parents à l’encorttre d’Anne-Marie pour des pbs de fric et un malentendu avec un instituteur.
Jean-François : j’ai constaté des rapports très complexes dans la société malgache.
Véro : beaucoup dans l’émotion la première fois mais pour moi, ce ne sont pas des vacances, même si j’éprouve un grand plaisir. Quand on traverse un pays, on observe mais sans forcément comprendre et s’investir et ce qui m’intéresse à Lokaro, c’est de comprendre en profondeur. J’ai eu l’impression qu’on était très centrés sur l’école et qu’on était posés là sans rapports avec les voisins qui ne comprenaient pas non plus qui nous sommes et ce que nous faisons là.
Avec le carnet de rencontres mené avec Fara, je suis allée à la rencontre des gens de la presqu’île pour communiquer et échanger avec les habitants. La barrière de la langue et de la culture fait que l’on est dans des quiproquos permanents. Mais ce projet fait partie de ma vie et je ne peux plus m’en passer. J’ai fait un stage d’anthropologie il y a quelques années et c’est ce qui m’a donné envie de développer ce volet là à Lokaro et d’aprofondir cette rencontre pour être mieux armée pour comprendre.
Patrick : j’ai compris que l’école était un espace privilégié et je n’ai eu de contact qu’avec les enfants que j’ai photographiés, au début figés et posant, mais beaucoup plus détendus la troisième fois.
Ils sont manifestement heureux de fréquenter l’école qui est une réalisation magnifique en pleine broussse et qui a évolué remarquablement en quelques années.
J’ai été marqué par les rapports entre instits et enfants où une mauvaise réponse au tableau n’entraîne aucune dévalorisation de l’élève, aucun jugement négatif. J’ai été gêné par la barrière de la langue dans la discussion avec les maîtres. J’ai raisonné avec mes critères et mon histoire mais en y réfléchissant, je me rends compte qu’eux aussi ont leur histoire et leur logique.
Fara : 1re mission à Lokaro avec AM, Denis Véro et Patrick et je me demandais comment les adultes allaient m’accueillir, moi qui reviens 20 ans après au pays et j’appréhendais la manière dont je serais reçue. Au début, les gens me prenaient pour une interprète salariée de l’association mais quand ils ont compris que j’étais une adhérente et la compagne de Patrick, ils ont été beaucoup plus ouverts et proches de moi. J’ai senti la reconnaissance des parents par rapport à l’asso mais aussi la rancoeur d’autres et leur colère parce que leurs enfants n’étaient pas parrainés. Cela m’a gênée ainsi que la réponse d’une fillette à la question : Que veux tu faire comme métier plus tard ? « – Je veux épouser un Wasa. Je lui ai juste dit que ce n’était pas un métier mais je veux retourner à Lokaro pour en discuter avec elle.
J’ai préparé pour les enfants le dossier MALALA et je me suis posé la question de savoir si le message était passé, à savoir ce combat acharné d’une jeune fille pour obtenir la scolarisation des fillettes dans son pays. Sans doute étais-je loin de leurs préoccupations immédiates mais une réponse de Rolande m’a touchée : « Je veux faire Bac + 2 » car entendre ça à Lokaro, c’est vraiment très fort. Cette mission m’a apporté beaucoup de plaisir et m’a touchée. C’étaient tout de même des vacances avec notre fils qui a réalisé la situation privilégiée des lycéens en France.
Au plan des conditions matérielles, j’avais emporté des compotes et du lait pour mon fils de 16 ans qui n’a manqué de rien et le camping sous tente n’a posé aucun pb. On a été réveillés par les coqs et les oies et les élèves arrivent à 7h.
Au plan du carnet de rencontres, j’ai senti beaucoup d’élan de la part des parents, contents que je sois là pour faire passer un message et en profiter pour se montrer à leur avantage. Je devais être solide et m’en tenir à l’interview, même quand le père d’un enfant très malade m’a fait comprendre, hors association, qu’il y avait urgence à le soigner. Humainement, c’est très dur de ne pas répondre à toutes leurs demandes et de ne pas résoudre tous leurs problèmes.
Raymonde : On a un gros pb à Fort Do c’est que nombre de jeunes filles ne font plus rien à l’école car elles attendent le Wasa qui va les sauver et quand on veut les aider à améliorer leur quotidien, elles disent qu’on vient d’ailleurs et qu’on ne peut pas comprendre leurs pbs. Il faut éviter de se laisser déborder car les gens demandent aussi qu’on fasse tout pour eux. Tu es blanc, tu as de l’argent, tu peux tout faire ! Aux plans de la santé et de l’éducation, il y a du boulot.
Maryse : les enfants ne sont pas conditionnés de la même manière que les adultes et on peut espérer qu’à leur tour, ils éduqueront les parents. Après nos séjours en Afrique, on s’est aperçus que l’éduction passait par l’agriculture et ce que vous faitres à Lokaro est magnifique.
Fara : ma famille ne comprend pas pourquoi je m’occupe des enfants de Lokaro au lieu de m’occuper de ceux de leur vilage.
Raymonde : c’est là qu’est l’avenir, dans l’action de petites associations qui sont implantées à Mada et qui aident à la scolarité des enfants pour que le niveau s’élève et que les jeunes épousent d’autres mentalités.
Roseline : 2e séjour plus facile que le précédent où on était un très petit groupe d’intervenantes et où on a pu rencontrer les parents d’élèves, présents à 99 % aux réunions et posant de bonnes questions. J’ai trouvé les adultes hyper responsables. La 1ère semaine, on a parlé de l’alimentation et de la diversité des régimes, attendu que manioc et riz ne suffisant pas ,et la 2ème semaine, on a parlé d’éducation sexuelle. On a fait des groupes d’adultes, de femmes et d’hommes, et je me suis trouvée de plain pied avec eux, on est sur la même planète et on a les mêmes préoccupations avec la même variété de comportements par rapport à leurs enfants : ceux qui échangent bien, ceux qui sont bloqués, ceux qui se sentent concernés par l’avenir de leurs enfants et ceux qui s’en foutent royalement. En fait, il faut arriver avec un contrat clair et une mission bien déterminée.
La question qui se pose c’est : comment on va faire passer ce qu’on a à leur apporter pour ne pas faire d’impair.
Geneviève G. : 1er séjour là-bas, émerveillée par le cadre et rassurée par les premières réunions que nous avons organisées et les séances sur la contraception. Trois papas ont été très intéressés et on a proposé à la sage-femme et au médecin de Mandromadroma de s’associer à nous. Vivre un mois à Lokaro m’a procuré beaucoup de bonheur.
Roseline : Mme Hélénette est agent de santé sur la presqu’île et elle peut donner des plaquettes et des préservatifs.
Geneviève G. Les femmes nous ont parlé de leur accouchement et des trois mois qui lui succèdent où elles n’ont pas le droit de sortir d’une pièce surchauffée où lon épargne les courants d’air à la maman et au nouveau-né.
Anne-Marie : J’ai passé toute l’année là-bas et comme c’était les 10 ans de l’Asso, j’ai eu envie de clore un cycle pour essayer de m’intégrer un peu plus dans la vie des gens de la presqu’île. L’intérêt, c’est d’y aller avec des objectifs simples et pas trop prétentieux. J’ai appris à lâcher prise et à me contenter d’être là plutôt que faire. Je voulais travailler avec les petirs sur l’apprentissage de la lecture et me suis rendu compte que le malgache était une langue facile pour apprendre à lire.
Mon 2e objectif était l’autonomie des apprentissages car l’enseignement reste très directif.
Mon 3e objectif était l’ouverture d’un bureau à Fort Dauphin, ce qui m’a pris beaucoup de temps.
L’expérience de ma solitude à Lokaro m’a fait réaliser que je n’étais pas « semblable » car les maîtres vivent beaucoup sur des habitudes immuables, le jour on vit et la nuit on dort. Comme le jour tombe à 17H30, les soirées sont longues, sauf si on a de quoi s’éclairer. J’ai eu beaucoup de mal avec cette routine. Le matin, le jour se lève à 5H30 et on se réveille à ce moment là. Mais je n’ai pas eu d’angoisse car dès qu’on est debout, on n’a plus aucune intimité car on est toujours AVEC.
J’ai renoncé à mettre un rideau à ma porte et j’ai réussi à faire la sieste dans un hamac avec les enfants jouant à la marelle à côté. Par moments, j’ai pu avoir internet à Lokaro et mes relations avec les enfants ont toujours été gratifiantes. Avec les maîtres, ce n’a pas été toujours évident car, eu égard à leurs routines, ils ne sont pas très ouverts aux changements au plan pédagogique.
Ce qui est important pour moi, c’est la joie des enfants qui viennent à Lokaro car ils sont là pour jouer ensemble dans l’espace autour de l’école.
Je suis contente d’avoir eu cette expérience très riche qui m’a permis de découvrir des choses que je n’avais pas vues avant. Mais je ne la renouvellerai pas car il n’est pas évident d’être seule.
Je n’ai pas eu de retours particuliers de la part des parents.
J’avais la lumière le soir et l’électricité pour mon ordinateur donc je pouvais lire et écrire. Sur un disque dur, j’avais des documents intéressants chargés par Denis et Véro.
Jean-Fançois : il est curieux de constater que les enfants sont ouverts et dynamiques mais que les adultes sont réfractaires aux changements.
Anne-Marie : on a constaté que la résistance aux changements s’exprime dès que les formateurs/trices sont parti(e)s. Après la formation, ils appliquent un moment les méthodes reçues puis reviennent à leurs anciennes habitudes. Ils expliquent cette inertie par le fait qu’ils ont des classes à plusieurs niveaux et que c’est plus difficile.
Débat :
« Comment les peuples qui perdent leurs repères naturels et culturels perdent aussi leurs valeurs sociales ».
En cours de résumé